Pendant le Têt, les Hanoïens aiment ressentir l’arrivée du printemps et rien de mieux pour cela que d’admirer les fleurs. Dans la nature, dans les marchés ou dans les villages horticoles, ils ont l’embarras du choix. Dans le bien nommée «capitale verte», les fleurs rythment le passage des saisons.
Les Hanoïens vous le dirons, à chaque saison sa fleur. Le printemps est marqué par la beauté radieuse de la fleur de pêcher (hoa dào). L’été, par les grosses fleurs de lotus qui émergent des marais, que l’on vient admirer en couple ou entre amis sur les étangs bordant la rive septentrionale du lac de l’Ouest. Ou par la spectaculaire floraison des flamboyants (hoa phuong).
L’automne, la «fleur de lait» embaume de son parfum suave les rues le soir. L’hiver, les tournesols sauvages (da quỳ) égaient les journées sans soleil.
Les messagers du printemps à Hanoi
Nul besoin donc de se rendre dans la province de Hà Giang pour admirer les sarrasins en fleurs (tam giac mach en vietnamien), ou dans le Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre) pour les tournesols sauvages ou encore à Môc Châu, province de Son La, (Nord), pour les pêchers… Hanoi a largement de quoi satisfaire votre curiosité.
Le printemps est la saison du renouveau de la nature, de la vitalité et des festivités.
À l’arrivée du Têt traditionnel (Nouvel An lunaire), le village horticole de Nhât Tân voit fleurir violettes, glaïeuls et autres dahlias. Mais ce sont les pêchers qui ont le plus la cote. Ils attirent des foules de jeunes, qui n’ont qu’une idée en tête : se faire photographier auprès d’un pêcher en fleurs. Car au Nord, cet arbre, avec sa floraison précoce, est le messager du printemps. Au Sud, c’est l’abricotier qui a droit à ce privilège.
Au Nouvel An lunaire, qui marque traditionnellement le passage de l’hiver au printemps, il est de tradition de décorer sa maison d’un pied ou d’une branche de pêcher, en fleurs bien sûr. Un gage de chance et de prospérité pour l’année qui débute. Contrairement au jaune vif de la fleur d’abricotier, la fleur de pêcher arbore un modeste rose foncé, qui s’apparente «à la beauté douce et charmante d’une jeune fille», disent les poètes. La fleur de pêcher a un avantage sur ses concurrentes, dans la mesure où elle peut fleurir même pendant les hivers rigoureux.
Depuis peu, la floraison des bauhinies (hoa ban) égaient certaines rues de Hanoi, notamment la rue Bac Son. Dans la province de Diên Biên (Nord), la bauhinie blanche est la messagère du printemps. Chaque année, au deuxième mois lunaire, les bauhinies refleurissent dans toutes les montagnes du Nord-Ouest, marquant la fin de cinq mois d’hiver.
Chaque week-end des mois de mai et juin, à la floraison des lotus, de nombreux jeunes Hanoïens affluent vers les derniers marais du lac de l’Ouest pour se photographier auprès de cette fleur élue emblème national. Des pontons ont même été aménagés pour pénétrer au plus profond des zones humides sans se salir. Beaucoup de jeunes filles arborent la tunique traditionnelle, l’ao dài.
Un parfum de nostalgie pour les Hanoïens
Les Hanoiens l’assurent : l’automne est la plus belle saison dans la capitale. Pas de pluie, températures clémentes, soleil généreux et agréable même au zénith. Le soir, le parfum des «fleurs de lait» (hoa sua) se répand dans toutes les rues. Cette fleur discrète est l’une des plus typiques de Hanoi. Elle provient de l’alstonia (Alstonia scholaris), un arbre planté un peu partout dans la ville, surtout dans les rues Nguyên Du, Quang Trung, Trân Hung Dao, Bà Triêu, Hàng Dâu, Thanh Niên, etc. Elle a inspiré des générations de poètes.
Autre fleur d’automne, le chrysanthème, qui signifie étymologiquement «fleur d’or». Elle est très appréciée car elle est censée porter chance et prospérité. Cette fleur résistant bien au gel orne, eu Europe, les tombes. Ici au Vietnam, elle embellit salons et balcons. La marguerite (cuc hoa mi), de la même famille que le chrysanthème, est une fleur plutôt rare. Chaque week-end, de nombreux Hanoiens se rendent dans les jardins de marguerites pour prendre de belles photos.
En hiver, le climat, souvent rigoureux, n’empêche pas les Hanoiens de partir à la découverte des fleurs hivernales, surtout les tournesols sauvages (da quỳ) en novembre à Ba Vi et en décembre à Gia Lâm (en banlieue de la capitale).
À la différence de Hô Chi Minh-Ville, la mégapole du Sud, Hanoi a des saisons bien marquées. Avec ses 40.000 arbres de 100 espèces, Hanoi mérite vraiment son surnom de «capitale verte». Tous les Vietnamiens de la diaspora originaires de Hanoi ont dans un coin de leur mémoire des souvenirs liés aux fleurs rythmant les saisons. Un parfum de nostalgie pour beaucoup.