Dans les premiers jours de printemps, le roi Lê Dai Hành en personne allait dans les champs labourer la terre, inaugurant la cérémonie du labourage.
Par ce geste, il voulait exhorter son peuple à augmenter la production agricole. Aujourd’hui, dix siècles plustard ce se reproduit la scène à l’endroit même où le souverain avait retourné le sol, au pied du mont Doi, dans la commune Doi Son, district de Duy Tiên, province de Hà Nam.
Un concours peu commun
Pour célébrer la cérémonie du labourage de 2009, on a choisi une trentaine de buffles de grande taille, gros et gras. Pour que l’animal se présente sous une belle apparence, les organisateurs ont une idée géniale : peindre le corps de ces bêtes. Un concours de dessins a été organisé.
On a fait venir des dessinateurs, des aquarellistes et qui ont donné libre cours à leur imagination. Une grande variété de motifs : dragons, phénix, flammants, fleurs de pêcher, cerfs-volants… et même de la peinture abstraite. Tout le corps du buffle en a été couvert : cornes, mufle, dos, ventre… et jusqu’à la queue. L’Anglaise Elena Salamon jubilait. De sa vie, elle n’a jamais participé à un pareil concours.
Enfin, les buffles sont méconnaissables. Les uns sont rouges, les autres verts, d’autres jaunes ou violets. Cinq d’entre eux ont gagné le premier prix et une prime de 3 millions de dongs chacun en attendant d’être conduits le lendemain à la rizière pour tiner la charrue.
Le roi laboure la terre
Le 7e jour du 1er mois de l’année Ky Suu(Année du Buffle), de bon matin, une foule s’est rendue à la commune de Doi Son pour assister à la cérémonie du labourage. En plein champ avait été érigé un autel portant en gros les caractères « Dieu des moissons ». Après d’un long et sonore roulement de tambours effectué par cent jeunes filles de Doi Son, le représentant du Comité provincial de Hà Nam a invoqué la protection de la divinité et a adressé ses vœux de prospérité et d’abondance aux villageois. Un vieux notable déguisé en empereur et revêtu d’un manteau royal, est descendu dans la rizière, a empoigné le manche de la charrue et fait claquer la verge de bambou pour faire avancer le buffle. A mesure que la charrue ouvrait des sillons, on répandait des semences. Ensuite, le président du Comité populaire de la province, manches relevées et pieds nus, est venu prendre la relève.
Ainsi va la fête du labourage. Une vivacité communicative met en train tous les participants. Le paysan Vu Van Chuong, l’arraire à l’épaule et accompagné de son buffle, a déclaré en gesticulant : « Je n’ai jamais été à pareille fête. A 80 ans, j’ai vu un roi labourer la terre. Que notre Dieu protège nos rizières contre les intempéries pour que nos récoltes soient abondantes ! ».