Les Lô Lô considèrent le tambour de bronze comme un objet sacré, indissociable de leur vie spirituelle et de leurs croyances. Selon leur conception, le son de cet objet permet de créer un lien entre le monde des vivants et celui des morts.
Auparavant, chaque ascendance de Lô Lô possédait son propre ensemble de tambours de ce genre, gardé par le chef de la lignée aînée et enfoui sous terre pour être conservé. Particularité : un ensemble de tambours n'est composé que d'un grand (
Danh Mo dans le dialecte Lô Lô) et d'un petit
(Danh Pô). C'est tout. Le petit dispose de 4 anses et d'une étoile à 12 branches en son centre. Les motifs sont variés. On y voit le plus souvent un soleil, une vague, un oiseau, etc. À noter que l'ornement figuratif de l'oiseau volant est lié à la légende contant l'amour entre un chasseur et une fille que les personnes âgées font revivre chaque soir à leurs enfants.
D'après les Lô Lô, la sonorité du tambour permet de relier le monde des vivants à celui des défunts. Leur tambour est souvent utilisé pour les funérailles, les activités de culte, etc. Lorsqu' un des membres de cette ethnie est emporté par la mort, ses proches font appel à un sorcier spécialisé dans les cérémonies de culte, accompagné par le son des tambours et des danseurs.
Les tambours sont souvent suspendus à une poutre de maison, le petit à droite du grand. On les fait sonner à l'aide d'une baguette en bambou d'une longueur d'environ 15 cm pour un diamètre d'un centimètre, et d'une barre plate de bambou de 20 cm de long. La distance entre les 2 instruments est de 30 cm.
Selon les personnes âgées, la baguette de tambour était par le passé la maranta ou l'igname des teinturiers
(dioscorea). Avant d'en jouer, on doit présenter des offrandes. Si l'on emprunte un ensemble à une autre ascendance, on apportera au préalable un coq et un poulet au propriétaire, avant qu'il ne donne son accord.
Des instruments en voie de disparitionLa province montagneuse de Cao Bang (Nord) est un des 3 lieux de résidence principaux des Lô Lô.
Aujourd'hui, le musée provincial conserve 16 tambours de bronze, dont l'un datant de 1000 ans et l'autre de plus de 400 ans. Ces instruments sont les biens de chaque ascendance. Dans le village de Côc Xa, commune de Hông Tri, district de Bao Lac, les familles de Chu et Ban possèdent un ensemble de tambours ; celle de Chung, 2 autres. La famille de Chi en possède même 3.
À Cao Bang, on utilise souvent 6 tambours, dont 3 grands et 3 petits, lors des funérailles. Autrefois, les Lô Lô de cette province devaient souvent migrer et apporter leurs tambours de bronze. En effet, d'après eux, l'âme des morts ne peut rejoindre ses ancêtres si les tambours sont absents de la cérémonie mortuaire.
Les Lô Lô de Cao Bang se rendent compte qu'ils ont en main un trésor hérité de leurs ancêtres. La préservation des tambours de bronze constitue néanmoins une question épineuse pour ces Lô Lô qui font face à de nombreuses difficultés dans leur vie quotidienne. Selon le directeur du musée de Cao Bang, Phùng Chi Kiên, la province s'intéresse à la préservation de ces objets.