Dans la province de Binh Thuân, à la différence du peuple Cham brahmanique qui pratique la crémation, la population musulmane Cham enterre ses morts. Comme ils attachent beaucoup d'importance à cette cérémonie, elle est bien préparée et dure plusieurs jours.
Après avoir terminé les funérailles, la famille du défunt pratique le rituel "phathi" à la maison pendant trois jours d'affilée. La première journée est appelée "Dau Van", la deuxième "Tak Ku Bâu Yâu" (rituel de sacrifice d’un buffle) et la troisième, "Pô non" (cérémonie de départ de l'âme du défunt). Les offrandes pour le rituel comprennent un couple de buffles, une tonne de riz et de poisson, du bétel, des noix d’arec, du sucre, etc.
Les rituels sont conduites par un chaman, qui lit les prières avec les muftis (prêtre musulman). Les villageois qui assistent aux rituels aideront la famille à ériger un "Chank" (cabane) pour organiser la cérémonie. Après la cérémonie d'enterrement dans la matinée, vers 16h-17h l’après-midi, la famille organise le "Dâu Van", rituel d'offrandes simple avec riz et poulet.
Le lendemain, le rituel de sacrifice du buffle a lieu. Deux fosses de 40-50cm de profondeur sont creusées en face de la maison du propriétaire, puis deux buffles, les pattes liées, sont mis dans les fosses. Les offrandes pour le rituel comprennent deux plateaux de nourriture avec une épée, un faisceau de branches d'arbres et une casserole d'eau. Après les prières, les muftis vont aux stands, tenant chacun l’épée et la branche d'arbre. Ils lisent quelques prières et commencent à tuer le buffle. Après le rituel, un banquet est offert aux villageois. Pour une famille ayant des difficultés financières, le poisson remplace le buffle.
Le rituel "Pô non" est aussi appelé le rituel de départ de l'âme du défunt. À 5 heures du matin, tous les muftis sont invités à lire des prières sous la direction du chaman en chef tandis que tous les proches du défunt affluent dans la maison "Chank" pour prier pour le repos éternel du défunt. On dépose des vêtements, des paniers de fruits, de gâteaux et de bonbons…, en face de la maison "Chank". Dans ce rituel, les proches du défunt qui connaissent par cœur le Coran lisent quelques passages pour le défunt. Après la prière, les muftis à la tête du cortège déclament des prières pendant la marche, suivie des parents et proches. Lorsque le groupe portant les offrandes arrive à la croisée des chemins, les muftis cessent de lire les prières ce qui clôt la cérémonie.
Deux jours après le rituel d'inhumation, les proches du défunt vont chercher deux pierres de forme ronde d'environ 20-50kg à la rivière et invitent les muftis à placer les pierres aux deux extrémités de la tombe. Cette coutume, pratiquée depuis longtemps, vise à empêcher que les animaux sauvages ne déterrent le corps. La taille de la pierre dépend de l'âge du défunt. Plus il est âgé, plus la pierre est grande. La tombe, recouverte de terre, n'est pas élevée et n'est pas construite avec des briques. Le cimetière est souvent situé sur une dune de sable en bord de mer.