Le tissage du lin des H’mong de Dong Van
Mettre à jour: 22 Janvier 2015
Les H’mong vivant sur le haut plateaux rocheux de Dong Van (province septentrionale de Ha Giang) ont deux métiers traditionnels qui font leur fierté et sont grandement estimés par toutes les autres ethnies du Nord-ouest du Vietnam : le tissage du lin et le travail de la forge. Ce dernier est réservé aux hommes tandis que les femmes se spécialisent dans le filage du lin, donnant naissance à des brocarts aux couleurs riches et éclatantes.

M.Giang (commune de Ta Lung, district de Dong Van) nous confie : «Jadis, les H’mong menaient une vie nomade. Chaque fois qu’ils découvraient des terres nouvelles, les hommes se hâtaient de bâtir leur demeure, d’installer des forges, de forger des couteaux, des pioches... alors que les femmes cherchaient les moindres parcelles de terres parmi les rochers pour y semer du lin, du maïs, deux grains qu’elles emportaient partout où elles allaient. Avec le maïs comme nourriture de base, la femme H’mong prépare le mèn mén ou le maïs au bain-marie ; avec le lin, elle tisse des tuniques».

Au cours d’une mission dans le district Dong Van, nous avons fait connaissance avec Mme May. Voilà ce qu’elle nous a dit : «J’ai plus de 80 ans et je ne me souviens plus que de peu de choses mais le tissage du lin, je l’ai toujours dans ma tête. Il suffit à une femme H’mong d’avoir une brassée de lin pour en faire une belle jupe en brocart». En disant cela, Mme May accroche des fils de lin à son métier à tisser en bois. Sous ses mains lestes, le tissu commence à prendre forme, s’allonge, s’allonge…

L’étape la plus importante dans la confection d’un vêtement est de dessiner, avec de la cire d’abeille, les motifs décoratifs sur chaque partie du vêtement. Ces motifs seront ensuite ou brodés ou cousu selon le goût de chaque femme et les différentes parties, une fois achevées, seront assemblées pour en faire une jupe, une tunique ou une blouse. On peut dire que les H’mong maîtrisent l’art de dessiner les motifs décoratifs, pour en faire des brocarts bien personnalisés.

Partout dans les villages de Lung Tam, Pho Cao, Sung La… du district de Dong Van, nous pouvons rencontrer des femmes H’mong qui, aux périodes creuses, apprennent à leur fille la manière de filer le lin. Partout, nous pouvons entendre le cliquètement de leur métier à tisser. Filer le lin, tisser le brocart, dessiner les motifs ornementaux sont, pour la femme H’mong, des activités quotidiennes, transmises depuis des générations, qu’une jeune fille en âge de se marier se doit de maîtriser. Un diction populaire H’mong estime ainsi les qualités d’une jeune fille : «Belle fille qui ne sait pas filer le lin n’est point belle. Jolie fille qui ne sait pas manier l’aiguille est fille de mauvaise conduite».

La fabrication du brocart fait maintenant partie de la culture des H’mong de Dong Van. Cette tradition culturelle peut se voir dans des villages de métiers traditionnels comme le village de Lung Tam, district de Quang Ba, ou encore aux festivals de Hue ou encore au Village culturel des ethnies minoritaires du Vietnam, située à Dong Mo, relevant de Hanoi./.

VNI