Hau dong, len dong, hau bong… Trois appelations pour un même rite du culte de la Sainte-Mère qui permet aux fidèles de communiquer avec les divinités par l’intermédiaire des chamans. Ce rite allie harmonieusement éléments spirituels et arts de la scène folkloriques.
Les chamans peuvent être des hommes ou des femmes, indifféremment. Mais chaque fois qu’ils assument ce rôle, ils se maquillent minutieusement. Même les hommes ont un visage maquillé avec de la poudre, du fard à joue et du rouge à lèvres. Leurs cheveux peuvent être aussi longs que ceux d’une femme. Dans chaque séance de possession d’esprits, ils sont possédés par plusieurs divinités. Ils doivent préparer des vêtements et adopter des gestes correspondant à ceux des divinités en question. Chaque fois qu’une divinité «investit» le corps d’un chaman, on met un foulard rouge sur sa tête, de même quand elle sort et qu’une autre lui succède. Chaque fois qu’on lève le foulard, le chaman est, aux yeux des fidèles, l’incarnation d’une nouvelle divinité. Il peut donc être tantôt un général, tantôt un mandarin majestueux, tantôt une fille dansante. Ses danses changent en fonction des caractéristiques du génie qu’il est censé représenter. Les chamans sont ceux qui ont été sélectionnés par les génies pour les relier au monde des vivants.
Le professeur Ngô Duc Thinh, directeur du centre de recherche et de préservation de la culture et des croyances vietnamiennes : «si le commun des mortels veut s’attirer la bénédiction de la Sainte-Mère, il doit passer par les chamans. Une cérémonie de possession d’esprits complète voit l’incarnation de 36 divinités successives dans le corps du chaman. C’est un chiffre plus symbolique que concret. En général, le nombre de génies qui apparaissent est inférieur à 20 ».
Le chamanisme est une pratique religieuse qui existe dans nombre de pays. Mais la cérémonie chamanique du culte de la Sainte-Mère a des caractéristiques propres à la culture vietnamienne. Parmi les divinités vénérées, nombreux sont les héros nationaux, tels que le général Nguyễn Xí (XIIe siècle), le général Trần Lựu (XVe siècle), le général Hoàng Bảy (XVIIIe siècle)…
A travers cette cérémonie, le culte de la Sainte-Mère apporte aux fidèles l’espoir d’une vie meilleure et la foi en la force du bien. Un savant américain a estimé que cette cérémonie était comme un musée conservant la tradition culturelle des Vietnamiens.