La maison communale de Bich La (Centre) accueille tousles ans un marché singulier. Y acquérir des produits porte chancepour l’année à venir. Autre particularité, ici, point de marchandage.
L’ambiance du marché de la maison communale de Bich La.
Chaque année, le 3e jour du premier mois lunaire, la maison communale de Bich La, dans le district de Triêu Phong, province de Quang Tri (Centre), est le théâtre d’un marché pas comme les autres. La légende raconte qu’une tortue d’or vit dans le lac situé devant la maison communale. Elle a été construite en 1527 sous la dynastie Hâu Lê (1427-1789) pour rendre hommage au général qui, la même année, a fondé le village. Mais aussi pour pratiquer le culte des diplômés des familles locales.
Généralement, l’animal apparaissait tous les ans au matin du 3e jour de l’année lunaire pour apporter chance et assurer une bonne récolte aux villageois. Mais, une année, il ne s’est pas montré. Les eaux du lac se sont troublées et des catastrophes naturelles ont ravagé le village et détruit les récoltes. Depuis, à l’occasion du Nouvel An, les habitants organisent une fête pour réveiller la tortue d’or.
Du sel pour cupidon
Fête pour réveiller la tortue d’or à la maison communale de Bich La
Les portes du marché, qui marque le début des fêtes printanières de la région, ouvrent à 01h00 du matin. Les visiteurs y viennent pour se souhaiter chance et succès ainsi que pour acheter des produits agricoles à des prix avantageux : feuilles de bétel, noix d’arec, viandes et spécialités locales, canne à sucre, sachets de sel, légumes, etc. Acquérir un produit à l’occasion de ce marché unique augure en effet d’une année heureuse. Les jeunes privilégient l’achat de sel, de 2.000 à 5.000 dôngs le sachet, censé porter chance en amour.
Sur les étals, les commerçants présentent leurs meilleurs produits, résultat du travail qu’ils ont accompli durant l’année écoulée sur le terrain hérité de leurs ancêtres. Les clients ne marchandent pas. Acheteurs et vendeurs considèrent les transactions comme une livraison et une réception des produits offerts par la nature.
Nguyên Thi, un habitant du village, se rend chaque année au marché pour vendre ses figurines en pâte de riz colorée (to he). «Je souhaite chance et prospérité à mes clients», confie-t-elle.
Résidant à une centaine de kilomètres du village, Nguyên Thi Sâm, 63 ans, fait chaque année le voyage en famille jusqu’à Bich La, son village natal, pour participer à la fête et acheter des produits qui lui porteront chance. «Ainsi, mes enfants n’oublient pas d’où ils viennent», ajoute-t-elle.
Environ 20.000 visiteurs cette année
Une cérémonie d’offrande de bâtons d’encens a lieu à l’aube. Les villageois y expriment leur reconnaissance au Ciel, à la Terre et aux fondateurs du village. Une autre cérémonie se tient pour demander au génie de la tortue de protéger le pays et pour que la météo soit favorable aux récoltes.
En outre, le comité d’organisation met sur pied des jeux traditionnels (échecs chinois, lutte à la corde), des critiques de poèmes, des séances de calligraphie et des concours de chant.
«Quelque 20.000 visiteurs ont fréquenté le marché cette année, soit une forte augmentation par rapport à l’année du Cheval», partage Lê Van San, chef du comité d’organisation de la fête. Et de préciser que «le Service de la culture, des sports et du tourisme de la province de Quang Tri élabore actuellement un dossier pour que la maison communale de Bich La soit reconnue comme monument national. Et sa fête comme fête nationale. Il est prévu d’étendre le marché à 5 ha pour faciliter son organisation et sa gestion».