Comment
faire pour préserver et valoriser les arts scéniques traditionnels ? De
nombreux responsables, chercheurs, auteurs et artistes se sont penchés sur
cette question lors d’un séminaire organisé fin novembre à Hanoi. Ils ont
trouvé 3 pistes.
Les arts du
spectacle sont composés de deux facteurs essentiels : matériel et
immatériel. C’est pourquoi, toutes solutions visant à donner une deuxième
jeunesse aux arts scéniques traditionnels doivent se baser sur ces deux
facteurs. Matériel d’abord, c’est tout ce qui est costumes, masques, outils de
maquillage, ou encore accessoires typiques des arts traditionnels. Pour Hà Duc
Minh, directeur du théâtre de Chèo du Vietnam, le meilleur moyen serait de
conserver tout cela dans un musée : “Il
nous faut un musée pour conserver les objets, les costumes, les accessoires et
le décor des pièces de théâtre traditionnel. Les troupes artistiques ne peuvent
pas faire ce travail aussi bien qu’un musée. Or, si nous ne les conservons pas,
ils disparaitront avec le temps. »
Et si ce musée
vient à voir le jour pour conserver cette partie matérielle, autrement dit le
« corps » du théâtre traditionnel, il reste la partie
« âme » qui comprend tous ces airs et ces danses typiques de chaque
forme de théâtre. Les participants au séminaire proposent d’inviter des
artistes, des maîtres d’art à transmettre leur savoir aux jeunes par voie
orale, comme l’ont toujours fait leurs ancêtres. Ils proposent aussi de filmer
des représentations et de retranscrire les notes d’airs anciens pour en faire
des livres, des enregistrements d’archives. Hoang Van Hung, directeur adjoint
du théâtre national de Cải Lương : “Je
pense que la participation des maîtres d’art est indispensable. Ayant vécu
cette période, ils savent comment telle ou telle pièce a été montée. Par
exemple, nous voulons maintenant reproduire la pièce « Kieu Nguyet
Nga » et seuls les maîtres d’art savent comment l’interpréter, quelle doit
être la chorégraphie, quelle doit être l’épingle à cheveux de tel ou tel
personnage, tout doit être extrêmement précis. »
Enfin, la
troisième piste concerne une sensibilisation du public. Il convient de créer
des clubs d’amateurs de théâtre traditionnel à l’école, d’organiser des
concours de connaissance, des festivals réservés aussi bien aux professionnels
qu’aux amateurs pour que le public connaisse mieux ces arts. En réalité,
plusieurs localités ont introduit des arts traditionnels à l’école et les
résultats s’avèrent tout à fait encourageants. De nombreux élèves ont pu ainsi
apprendre à chanter des airs de chèo ou de tuong et parmi eux, des talents ont
été révélés. Hà Duc Minh, directeur du théâtre de Chèo du Vietnam : “Ça fait une dizaine d’années qu’on a introduit des
cours de théâtre traditionnel à l’école. Le département des représentations
artistiques, certaines troupes locales de chèo et de tuong s’y sont mis, mais
je pense que ça ne suffit pas, nous devons continuer dans cette voie.
L’introduction du théâtre traditionnel à l’école est une tâche indispensable
que nous devons réaliser en permanence. »
Selon les
responsables de la gestion artistique, dans un contexte de développement
socio-économique et de diversification de la vie culturelle et artistique, à
côté d’une amélioration de la qualité des pièces, les théâtres doivent
redoubler d’efforts pour mieux se faire connaître auprès du public et lui faire
comprendre la beauté des arts traditionnels. Car, le public ne s’intéresse à
ces arts que s’il les aime vraiment.