Dao Thuc est un village rattaché au district de Dông Anh, en banlieue nord de Hanoï, qui doit sa réputation à ses marionnettes sur eau. Le fondateur du métier est un certain Dào Dang Khiêm, général sous la dynastie des Lê postérieurs.
À la demande de la population, la cour l’a promu au grade de génie et érigé une stèle en son honneur. C’était en 1735. Depuis, tous les ans, les villageois commémorent l’anniversaire de sa mort, le 24e jour du deuxième mois lunaire. Hommage ô combien mérité : ses marionnettes sur eau sont devenues synonymes de prospérité.
Les villageois de Dào Thuc fabriquent eux-mêmes leurs marionnettes. Ces statuettes en bois mesurent de 30 à 40 cm et sont recouvertes d’une peinture résistant à l’eau. Chaque marionnette est un personnage de conte populaire. Le répertoire traditionnel du village comprend une bonne vingtaine de numéros puisant leur origine dans les activités quotidiennes des agriculteurs (labour, repiquage du riz, gardiennage du buffle, pêche à la ligne…), dans les jeux populaires ou les vieilles légendes…
Dinh Huu Tu est membre de la troupe populaire de marionnettes sur eau de Dao Thuc depuis plus de 30 ans. «Les marionnettes sur eau, je connais ça depuis que je suis tout petit. C’est un beau métier original transmis de génération en génération. Il faut apprendre geste par geste, d’abord sur terre puis dans l’eau. Durant la représentation, le marionnettiste doit écouter attentivement les paroles chantées sur terre, chacun de ses gestes devant correspondre au chant», confie-t-il.
La troupe de Dào Thuc comprend une bonne trentaine de marionnettistes, le plus âgé ayant dépassé les 70 ans et le plus jeune étant encore au lycée. Elle se produit presque tous les jours. Mais le Nouvel An lunaire est bien sûr le moment où elle est le plus sollicitée. À partir du deuxième jour du Nouvel An, son agenda est carrément surchargé. Des touristes viennent de partout admirer ces fameuses marionnettes vieilles de 300 ans. Cet engouement qui ne s’est jamais démenti est un facteur encourageant les jeunes villageois à continuer de suivre le métier de leurs ancêtres.
Dinh Hoàng Vân est marionnettiste depuis l’âge de 15 ans. «Depuis ma plus tendre enfance, j’aime les marionnettes sur eau, un métier légué par nos ancêtres. Les spectateurs adorent les vieux numéros montrant un héros combattre un tigre ou un python géant…», fait-il savoir.
Mais les spectateurs ne viennent pas seulement pour voir les marionnettes. Ils adorent aussi s’imprégner de cette ambiance rurale authentique créée par les chants traditionnels accompagnant chaque numéro. Afin de répondre aux sentiments chaleureux du public, les marionnettistes de Dào Thuc s’efforcent sans cesse de se renouveler, affirme Ngô Minh Phong, chef de la troupe. «Notre troupe villageoise bénéficie d’un grand soutien de la part des autorités locales. Nous allons recruter de nouveaux talents et prêter une plus grande attention à la formation d’une relève performante. Des jeunes dynamiques qui maîtrisent l’informatique contribueront à mieux faire connaître notre troupe auprès du grand public», fait-il savoir.
Depuis quelques années déjà, la troupe de Dào Thuc collabore avec des agences de voyage et des médias pour faire la publicité de ses marionnettes. Nguyên Hông Dài, directeur général de la société FPT Travel, partage : «Dao Thuc est un site de tourisme culturel très prisé qui fait partie des destinations que nous proposons à nos touristes, en plus des autres sites intéressants à Dông Anh et à Hanoï».
Les villageois de Dào Thuc tiennent à leurs marionnettes comme à la prunelle de leurs yeux. Dans certaines familles, les secrets du métier sont transmis depuis cinq générations. La remède est simple, c’est en valorisant la tradition que Dào Thuc s’enchirit culturellement et matériellement.