Hà Giang: L’orfèvre qui se fait une place dans la montagne de Po Ly Ngai
Mettre à jour: 02 Janvier 2018
Dans le district de Hoàng Su Phi, province de Hà Giang (Nord), Chang Thanh To, issu de l’ethnie minoritaire Nùng et vivant dans la montagne de Po Ly Ngai, se targue de savoir encore confectionner des bijoux de mariage sophistiqués.

À vingt ans, il pouvait déjà fabriquer à la perfection des bijoux d’argent. Les derniers mots de son père avant sa mort : "Les bijoux d’argent sont l’âme et la coutume des Nùng" l’ont encouragé à poursuivre sur cette voie. Il a passé les deux tiers de sa vie à confectionner des bijoux fins et délicats imprégnés de la culture de son ethnie.

Avant la confection, il mesure le poids de l’argent avec un petit trébuchet. Puis l’argent est chauffé, laminé en feuilles. Ce mélange  composé de sève de pin et de peau de buffle brûlée sert à donner la  forme au bijou. La sève de pin sert à fabriquer des bijoux d’argent en forme de poisson, d’oiseau ou de crabe.

Les bijoux d’argent en forme d’animaux sont très appréciés des Nung du district de Hoàng Su Phi. Selon Chang Thanh To, un ensemble de bijoux d’argent d’une mariée de l’ethnie Nung se compose d’un collier, de bracelets, boucles d’oreille, boutons de chemise, d’une épingle à cheveux…. Tous en argent et très finement ciselés.

Mais dans un monde de consommation où le travail se fait surtout à la chaîne, la rentabilité prime sur la qualité et rend son métier économiquement trop difficile. Il y a dix ans, les bijoux fantaisie de pacotille ont déferlé sur les marchés du district de Vinh Quang, mettant sous pression les orfèvres-bijoutiers locaux.

À l’époque, les jeunes Nùng venaient acheter ces bijoux fantaisie pour quelques centaines de milliers de dongs, délaissant colliers ou bracelets d’argent fabriqués sur place qui coûtent parfois une fortune. Les mariées ne portaient plus de bijoux d’argent traditionnels. Les personnes âgées se contentaient eux d’acheter des boutons de chemise d’aluminium au lieu de ceux d’argent fabriquées manuellement.

Levant ses mains calleuses, résultats d’années de travail manuel, Chang Thanh To a confié avec tristesse : "Avec ce métier et ces mains je n’ai pas pu, à certaines périodes, nourrir ma famille".

Les années ont passé, le niveau de vie des Nùng du district de Hoang Su Phi s’est sensiblement amélioré. Les bijoux d’argent traditionnels ont retrouvé la place qui était la leur. Bracelets, boutons de chemise…, des commandes de plus de 40 millions de dongs parfois sont de nouveau passées à Chang Thanh To.

"Les Nùng ont renoué avec leur culture ancestrale, quel bonheur !", a-t-il confié. En 2013, Chang Thanh To a rencontré l’artisan Ly Sao Tin, aussi confectionneur de bijoux traditionnels de l’ethnie Nùng. Ensemble, ils  ont échangé des expériences, leurs savoir-faire et sont accordés de vendre ensemble des bijoux le dimanche, au marché Vinh Quang.

Depuis, les touristes peuvent retrouver à ce marché de magnifiques bijoux traditionnels.  Bien que le nombre de clients soit modeste, Chang Thanh To est satisfait de l’intérêt retrouvé des Nùng pour leur culture ancestrale.
 

CVN