Située le long du fleuve Dông Naï, la ville de Biên Hoà est connue pour la fabrication de céramiques traditionnelles, un artisanat qui existe depuis environ 300 ans.
Aujourd'hui, ce métier ne subsiste plus dans les quartiers de Buu Long, Tân Van des communes de Tân Hanh et Hoa An, où l’on dénombre 40 ateliers familiaux. Leurs produits sont pour la plupart exportés.
C’est à Biên Hoà que la première école de formation professionnelle en céramiques de l'Indochine a été fondée, en 1903. En 1913, l'école a été rebaptisée École d’Art indigène de Biên Hoà. En 1923, le couple Robert Balick (directeur) et Mariettee Balick a pris la direction de l'école. Une étape importante pour la céramique de Biên Hoà. En tant que chef du Section céramique de l'école, Mariette Balick a conçu un plan pour le développement de l'artisanat local avec l’accent mis sur des couleurs différentes, des motifs délicats et des émaux uniques. Ensuite, Mariette Balick et ses collègues vietnamiens ont créé des émaux célèbres, tels que le cuivre bleu mouchetée et glaçure céladon à partir de matériaux naturels, notamment riz, sable et latérite de Da Nang.
Au début du 20e siècle, la céramique d’art de Biên Hoà était bien connue en Asie et en Europe. En 1925, ses produits ont été présentés lors d'une exposition internationale à Paris et ont eu un énorme succès. Tous les produits ont été vendus et l'école a reçu de nombreuses commandes. A cette exposition, la céramique de Biên Hoà a reçu un satisfecit du gouvernement français et la médaille d'or du Conseil d'administration de l'organisation de l'exposition. Lors d’une exposition internationale tenue en 1933 à Paris, cet artisanat a vraiment affirmé sa position en France et dans d'autres pays.
Depuis, bien des céramiques de Biên Hoà ont été montrées à l'étranger, par exemple à Nagoya (Japon - 1937), Sai Gon (1942), Bangkok (Thaïlande - 1953 et 1955), Phnom Penh ( Cambodge - 1957). Cette période marque le début du développement prospère de cet artisanat.
Expliquant la raison de ce succès international, Vong Khiêng, secrétaire général de l’Association de la Céramique d’art de Dông Naï, a déclaré: «La céramique de Biên Hoà est unique et magnifique parce que c'est un produit combinant l’art de la céramique des Vietnamiens, des Chinois et des Cham». À l'heure actuelle, les ateliers de Biên Hoà produisent deux grands types de céramiques : à l'argile blanche ou noire.
Nous avons visité le four de Phat Thành dans le quartier de Tân Van, capable de produire 300 produits chaque jour. Alors qu’il nous conduisait vers une zone de production, l’artisan Nguyên Huu Tân, le propriétaire du four, a confié: «C'est seulement l’un de mes fours. Il fut un temps où nous n'avions pas assez de produits à fournir au marché. Je pratique ce métier depuis près de 50 ans, et j’ai toujours en tête de restaurer l'artisanat traditionnel des ancêtres».
Il y a beaucoup de facteurs qui créent le caractère distinctif de la céramique de Biên Hoà, en tête la technique d’émaillage. Un secret bien gardé dans chaque famille. La façon de respecter l'émail des produits joue également un rôle important dans le processus de fabrication. Les produits se déforment pendant la cuisson si l’artisan ne maîtrise pas bien cette technique. La cuisson détermine le succès ou l'échec d’un lot. Ceux qui prennent la responsabilité de ce stade doit évaluer précisément la température rien qu’aux flammes et l'ajuster si nécessaire.
Les céramiques de Biên Hoà sont diversifiés en terme de styles, de couleurs, de motifs et de glaçures. Certaines sont très raffinées telles que les grands vases de fleurs, d’autres au contraire ont une beauté simple et naturelle comme les poteries rouge.
Le chiffre d'affaires de cet artisanat atteint environ 1 million de dollars/an, ce qui reste un chiffre modeste par rapport à il y a 10 ans. Développer davantage ce métier nécessitera les efforts et la détermination des artisans mais aussi l'appui solide des autorités.