La fête de la mi-automne, c’est dans 2 semaines. Les enfants s’impatientent ! Il faut dire que les jouets commencent à envahir les rues du vieux quartier, notamment la rue Hang Ma et la rue Luong Van Can. Mais, autant le dire d’emblée, 80% des jouets en vente sont importés. Alors, quelle est la place des jouets artisanaux traditionnels ? Que sont devenus les cerf-volants, les bateaux en tôle, les lanternes étoilées ? Nous avons rendez-vous aujourd’hui rue Hang Dau pour rencontrer un couple d’artisans qui fabrique des masques en papier contrecollé.
Je me trouve devant la maison de Nguyen Van Tri et de Dang Huong Lan, deux des derniers fabricants de masques en papier contrecollé. Sur les balcons, du troisième étage jusqu’à la terrasse, partout à l’extérieur de la maison, des masques sont au séchage. Et à l’intérieur, des masques vierges, qui restent à colorier, sont empilés. Des cochons, des lapins, des singes, des chats… Tout le bestiaire traditionnel s’est donné rendez-vous dans ce minuscule atelier d’à peine 12m2. Au milieu, Nguyen Van Tri est en train de contrecoller attentivement. Il maroufle des morceaux de papier grands comme la paume de la main sur un vieux moule, un moule qui lui vient de ses grands parents. Il faut dire que Tri le représentant de la 3ème génération d’une lignée de fabricants de masques. C’est lui qui a hérité du patrimopine familial.
C’est Tri qui se charge de la fabrication des masques vierges. Son épouse, Lan, est chargée quant à elle d’acheter les matières premières - papier, journaux, carton, colle, laque - et de décorer les masques. Avec toute sa méticulosité et toute son habileté, elle dessine les poils sur le visage de Tôn Ngô Không, un singe malin dont les enfants raffolent. Elle maîtrise parfaitement la décoration des douze animaux du zodiaque vietnamien. Madame Lan nous confie :
"C’est vraiment un métier artisanal, qui se transmet de père en fils ! J’ai déjà 32 années de pratique, alors des masques, j’en ai fait des milliers, vous pensez bien ! Regardez ce moule, il a vécu ! Il a beau être en ciment, il est déjà passablement usé. Pas facile de fabriquer un masque comme celui-ci ! Il faut d’abord bien choisir le papier et la colle. En général, avec des journaux, ça marche bien…Une fois que c’est sec, il faut savoir rester concentré ! Les visages doivent être aussi vivants que possible ! C’est ça qui importe !"
Chaque jour, Nguyen Van Tri et Dang Huong Lan produisent entre 30 et 40 masques. Mais c’est un métier de saison, un métier de la mi-automne ! Et puis force est de reconnaître que les temps changent et que les enfants d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’hier. Les jouets traditionnels subissent de plein fouet la concurrence des jouets d’importation et de tous ces gadgets électroniques qui font la joie de nos chers petits. Mais Tri et Lan n’en ont cure ! Ils ont décidé de résister, contre vents et marées, et ils n’en sont que plus attachants ! Dang Huong Lan :
"C’est une véritable passion, vous savez, alors il n’est pas question d’arrêter ! Quand je vois nos enfants qui portent ces masques, c’est évidemment la récompense suprême. J’espère que les enfants sauront reconnaître la valeur des jouets traditionnels vietnamiens. C’est tout un pan de notre culture ! "
Pour la modique somme de 25 ou 30 mille dôngs, les masques en papier contrecollé peuvent faire la joie des enfants au moment de la mi-automne. Alors… osez le traditionnel !