Elles sont fabriqués à Phu Binh, un quartier du 11e arrondissement de Ho Chi Minh-Ville. Plus d’un demi-siècle s’est écoulé mais elles font toujours la joie des enfants et leur ouvre le monde merveilleux des rêves.
Nous arrivons à la paroisse de Phu Binh juste avant la fête de la mi-Automne. Aussi avons-nous pu voir les producteurs à leur tâche : ils travaillent avec enthousiasme et à la hâte pour achever leur produits et les acheminer vers d’autres provinces. Selon les vieux artisans, cette activité est, à l’origine, un métier familial des habitants de la province de Nam Dinh, au Nord du Vietnam. Ceux-ci se sont installés, par la suite, à Ho Chi Minh-Ville tout en continuant l’artisanat légué par leurs ancêtres.
Nous avons eu un entretien avec Mme Loan Nguyen, descendante d’une famille qui confectionne des lanternes depuis près de 100 ans. «La fabrication d’une lanterne passe par plus de dix étapes, a-t-elle dit : couper le bois de lô –ô (une variété de bambou au tronc creux, ndlr), en longueurs différentes, le tailler, l’enduire de zinc, rassembler les lô-ô pour former des armatures différentes, coller les papiers, dessiner les motifs ornementaux… Une ossature en bois de lô-ô demande du beau papier rouge mais ce qui donne à chaque lanterne sa particularité, c’est sa forme, le collage, les motifs décoratifs. Des étapes qui exigent de l’artisan de la minutie, des dons pour le dessin et de l’habileté ».
D’ordinaire, c’est près d’un mois après le Têt - Nouvel An lunaire au Vietnam - que les familles de Phu Binh se mettent au travail pour le finir juste avant la fête de la mi-Automne. Ces jours-là, l’animation règne dans toute la paroisse avec la présence de centenaires de commerçants venant de partout du Sud Vietnam et même du Centre. L’artisan Viet Nguyen nous a confié : «Nous devons travailler nuit et jour. Comme notre famille comprend plusieurs générations vivant sous un même toit, les vieux et mêmes les petits-enfants ont chacun leur tâche. Certains établissements de production ne veulent « sous-traiter » qu’une étape de travail : faire l’armature ou coller le papier ou dessiner les motifs décoratifs.
Depuis quelque temps, des lanternes chinoises sont apparues sur le marché mais elles ne peuvent concurrencer celles du pays car la préférence des clients va aux lanternes traditionnelles, collées avec du papier brillant rouge ». Toujours d’après M.Viet Nguyen « Comme les commandes sont multipliées, nous espérons pouvoir produire 20.000 lanternes cet automne et des lanternes de différentes sortes ».
Des motifs nouveaux, des motifs ornementaux plus attirants : tel est le but des artisans de Phu Binh pour être continuellement « à jour ». D’après Mme Loan Nguyen : « certains acheteurs demandent des lanternes avec des motifs floraux aux couleurs éclatantes et même avec un petit grelot attaché à l’armature ; d’autres préfèrent avoir un poème… Mais nos clients principaux et les plus importants, ce sont les enfants lors de la mi-automne. Ceux-ci n’aiment que les personnes des dessins animés et des bandes dessinées. Aussi dessinons –nous les héros du film chinois « Le voyage vers l’Ouest » comme le singe génial Ton Ngo Khong, le cochon Tru Bat Gioi … ou des supermans, des avions, des automobiles… ».
Toutes ces lanternes seront présentées lors de la nuit de la mi-Automne. Le clair de lune ne rendra que plus beau encore le scintillement des lanternes et plus intense la joie des petits. Et cette joie sera une motivation pour les artisans de Phu Binh de perpétuer leur métier./.