La fête du nouveau riz chez les Thaï
Mettre à jour: 26 Février 2014
La route qui mène à la commune de Muong Phang, district de Diên Biên, province éponyme au Nord, brille d’un éclat particulier, couleur de miel: la couleur du paddy lorsqu’il est mûr pour la moisson. Pour les Thaï, ce sera bientôt la fête du nouveau riz, qui est la festivité incontournable de l’année.  

Nous sommes au hameau de Bua, chez un certain Quàng Van Tun, dont la famille fête aujourd’hui le nouveau riz avec agapes. Les convives sont nombreux à être venus faire bombance, ce qui réjouit le maître des lieux, au moins autant que l’alcool qu’il ingurgite à grandes lampées : «Merci beaucoup, mes amis! Je suis vraiment ravi de vous voir nombreux ici pour cette fête du nouveau riz avec ma famille! Bonne santé à tous!»

Les invités trinquent, retrinquent et surtrinquent, sans oublier, à chaque fois, d’adresser des vœux, certes alcoolisés mais pas moins sincères, à leurs hôtes du jour. Lò Văn Bun, le voisin de Quàng Van Tun, nous explique que cette fête du nouveau riz est extrêmement importante pour les Thaï, et pas seulement parce qu’elle donne lieu à une gigantesque beuverie! «M. Tun fait aujourd’hui la fête. Je suis l’un des invités. Je suis venu pour lui souhaiter bonne chance pour cette nouvelle année très réussie en production rizicole. Regardez, tout le monde est content ici: les invités et leurs hôtes.»

Pas de bonne récolte sans protection des génies et des ancêtres, croient les Thaï! Qu’à cela ne tienne! Peu avant la moisson, ils leur offrent du riz, aux génies et aux ancêtres, histoire de s’attirer leur infinie bienveillance. Duong Van Liên: «On célèbre la fête tour à tour. Moi, c’était il y a deux jours. La tradition veut qu’on offre un coq aux ancêtres. Pour les invités, c’est à dire les voisins et les proches, il faut préparer du poulet-c’est un met typique de notre ethnie, du manioc, des patates douces, des fruits et des cannes à sucre.»

«Les voisins et les proches», cette fête du nouveau riz donne donc lieu à des retrouvailles familiales au cours desquelles les plus jeunes sont initiés par leurs parents et grand-parents aux traditions encore en vigueur. Lò Văn Dũng, le petit-fils de Quàng Văn Tun: «Comme partout ailleurs, à Mường Phăng, on célèbre tous les ans cette fête du nouveau riz. On suit cette coutume qui nous garantit que l’année sera bonne et que la récolte sera abondante. A Mường Phăng, on vit de la riziculture, alors évidemment, c’est très important!»

Devant l’autel des ancêtres, à côté du porc, du poulet et des fruits, on trouve toujours le bol de riz, typique des Thaï. Lò Văn Hanh, cousin de Quàng Văn Tun: «Il faut faire à la fois du nouveau et de l’ancien riz, et aussi du riz coloré. On prend du jeune riz et on le fait bouillir à la vapeur. Ensuite, c’est le séchage et enfin, le décorticage. On le lave dans l’eau et puis on le fait bouilir encore une fois à la vapeur. Du coup, il est très parfumé, ce riz!»

Cette fête du nouveau riz ne peut pas avoir lieu n’importe quel jour. Ça dépend de chaque famille ou de chaque lignée. Lò Văn Biên, secrétaire du Parti communiste vietnamien pour la commune de Mường Phăng: «On fait le culte tous les 10 jours, et pour les grandes lignées, tous les 5 jours. On peut choisir n’importe quel jour après le culte pour célébrer la fête qui se tient uniquement une fois par an.»

Et c’est ainsi que cette belle tradition se transmet de génération en génération. Elle reflète la croyance, l’humanisme profond des Thaïs!

 

VOV