Le
Vietnam compte plus de 40 mille sites historiques et culturels classés au
patrimoine national et plus de 5 000 au patrimoine local des provinces. Nombre
d’entre eux résistent mal aux affres du temps, surtout ceux qui datent d’il y a
plus de 200 ans. L’urgence est donc de les restaurer. Mais comment? Voilà la
question à laquelle essayent de répondre de nombreux gestionnaires et experts.
Restaurer les
sites délabrés, d’accord, mais il faut absolument préserver leur âme. C’est en
tout cas l’avis de Nguyễn Doãn Tuân, chef du comité de gestion des vestiges et
des sites célèbres de Hanoï: “A mon avis,
quand un ancien édifice commence à s’effondrer, on ne peut pas ne pas remplacer
les pièces endommagées. Mais il faut absolument garder la même architecture, la
même taille et le même emplacement.”
Presque tous
les sites historiques et culturels sont ouverts aujourd’hui au tourisme dont
les recettes servent en partie à l’entretien et à la restauration. Mais
l’ouverture au touristes permet surtout de présenter les valeurs historiques,
culturelles et spirituelles du site en question aux visiteurs nationaux et
étrangers. Pour Đặng Kim Ngọc, directeur du centre d’activités culturelles et
scientifiques au temple de la Littérature à Hanoï, préservation rime avec
valorisation: “Parallèlement à
l’accueil quotidien des visiteurs, nous tâchons d’entretenir et de remettre en
état le site qui comprend à la fois le temple de la Littérature et le Collège
des Enfants de la Nation. Nous essayons de ne pas laisser le site se délabrer
tout en investissant dans l’embellissement du paysage, l’amélioration de
l’environnement et le maintien des pelouses.”
En tout cas, la
conservation et la valorisation des sites historiques et culturels ne relèvent
pas seulement de la responsabilité des gestionnaires, mais de celle de toute la
communauté. Phạm Quốc Quân, directeur du musée de la Révolution, est très
expérimenté dans ce domaine: “Si l’on se
réfère aux orientations de l’UNESCO, tous les pays doivent confier leurs sites
historiques et culturels à la communauté en lui expliquant comment faire pour
les préserver au mieux. Mais en réalité, dans notre pays, le comportement de la
communauté vis-à-vis de certains sites, en particulier ceux liés à des fêtes
traditionnelles, laisse encore à désirer. Je pense qu’avec une gestion plus
stricte et de meilleures orientations, nous pourrions remédier à cette
situation.”
Nguyễn Thị Minh
Lý, chef adjoint du département des Patrimoines, relevant du ministère de la
Culture, des Sports et du Tourisme, partage cet avis: “Si la population transmet ses valeurs à la
génération suivante, les éléments essentiels des sites culturels seront
préservés. Je ne veux pas dire que la génération suivante doit copier sur la
précédente, il faut bien avoir des innovations, mais nous devons nous assurer
que ces innovations soient basées sur un héritage ancien et non pas un emprunt
gratuit à des valeurs extérieures.”
Tous les
experts sont d’accord: il faut que la préservation et la valorisation des sites
et des valeurs culturelles anciennes soient bien organisées du niveau central
au niveau local, et que la population y soit impliquée. Les gestionnaires et
des spécialistes de la culture partagent également le même objectif: combiner
la préservation et la valorisation des sites avec la promotion du développement
socio-économique et l’intensification des échanges culturels avec l’extérieur.