Au
Vietnam, la route qui mène du Nord au Sud réserve de nombreuses surprises aux
touristes qui choisissent de l’emprunter. Après avoir franchi le col de Ngang,
par exemple, c’est un paysage étonnant qui s’offre au regard : une sorte
de condensé de tout ce que le pays peut offrir en la matière. Des montagnes,
des rivières, la mer… Rien n’y manque. Et ce paysage étonnant, donc, c’est
celui qui entoure Lý Hoà, un village de la province de Quang Binh,
rattaché au district de Bố Trạch, une localité riche en traditions historiques
et culturelles.
Situé sur la route mandarine, le village de Lý Hoà a
de quoi retenir l’attention des voyageurs. Il jouit d’un cadre pittoresque,
avec des montagnes d’un côté et la mer de l’autre. Mais surtout, il occupe une
position éminemment stratégique, ce qui lui a valu d’être le théâtre de maints
faits d’arme glorieux. C’est par exemple dans l’estuaire de Lý Hoà, qui
s’appelait Đại Lý à l’époque, qu’en 1369, le roi Trần Dụ Tông a vaincu les
troupes du royaume du Champa, lesquelles se comportaient en véritables
soudards. Mais Lý Hoà, c’est avant tout un village de pêcheurs et de
commerçants. Nguyễn Duy Hùng, cadre administratif de la commune de Hải Trach,
dont dépend Lý Ho, nous fait savoir : "Le village de Lý Hoà est
vieux de 3 siècles. Au fil de l’histoire, il a bien évidemment connu des hauts
et des bas. Mais ses habitants ont su développer un esprit d’entraide et de
solidarité, dans la pêche, dans la lutte contre les intempéries, mais aussi
dans le combat contre les envahisseurs. Forts de leurs traditions culturelles,
de leur attachement aux études, de leur dynamisme dans la production et le
commerce, ils sont prêts à consentir beaucoup d’efforts pour accéder à la
prospérité."
A l’instar d’un bon nombre de villages vietnamiens,
Lý Hoà possède plusieurs vestiges historiques précieux. La maison communale,
construite en 1737, est un ouvrage architectural de valeur. Les aïeux des 12
lignées familiales du village y sont vénérés, ainsi qu’en attestent plusieurs
ordonnances royales. Parmi ces lignées, celle des Nguyễn Duy, qui compte un
certain nombre de mandarins, fait figure de famille de notables. Depuis le
règne de Minh Mang jusqu’à la fin des concours mandarinaux, c'est-à-dire
jusqu’en 1919, les Nguyễn Duy ont ainsi eu 5 des leurs qui ont reçu le titre de
docteur, ce qui représente une performance tout à fait remarquable dans ce
domaine. Phạm Gia Thương, qui fait partie des personnes âgées du village :
"Plusieurs personnes de notre village ont décroché le titre de docteur et
ont été promues gouverneurs de provinces, ce qui n’a fait qu’accroître le
prestige dont nous jouissions. De nos jours, nous nous efforçons de perpétuer
ces belles traditions, gage de développement et de prospérité."
Durant la dernière guerre, le col de Ngang, qui passe
au-dessus de Lý Hoà, était l’une des cibles favorites de l’aviation américaine.
C’est en effet par ce col qu’était acheminée une bonne partie du ravitaillement
destiné aux fronts du Sud. Mais les habitants de Lý Hoà ont su faire preuve
d’une détermination farouche, n’hésitant pas à démolir 150 de leurs maisons
pour construire des ponts et permettre ainsi le franchissement des rivières à
nos troupes. Mais ils comptent aussi deux avions américains abattus à leur
tableau de chasse, ce dont ils ne sont pas peu fiers.
Après le rétablissement de la paix, les habitants de
Lý Hoà sont redevenus les pêcheurs et les commerçants qu’ils avaient
momentanément cessé d’être, le temps d’écrire une page glorieuse de leur
histoire. Il faut croire, en tout cas, que toutes ces années héroïques n’ont
pas entamé le sens du travail et de la réussite qui les caractérise puisque
aujourd’hui encore, bon nombre d’entre eux font fortune aux quatre coins du
pays. C’est par exemple le cas de Nguyễn Cẩm Sơn. Il nous dit : "Lorsqu’on
vit loin de son pays natal, on en éprouve une nostalgie particulière !
J’ai grandi dans ce village durant les années de guerre. Cette terre m’a nourri
depuis ma plus tendre enfance. Je ne peux pas l’oublier. Je suis convaincu que
Bố Trạch, mon pays natal, se hissera au même niveau que d’autres contrées
prospères de notre pays. "
Situé au pied du col de Ngang, le village de Lý Hoà
jouit d’un cadre naturel des plus pittoresques, avec même des pitons rocheux
émergeants qui semblent danser à chaque fois qu’ils sont fouettés par l’écume,
d’où leur surnom de « rochers dansants ». Voilà une localité qui vaut
certainement le détour et qui a le mérite de faire connaître les traditions
historiques et culturelles de toute une région.