Le troisième mois lunaire
Mettre à jour: 26 Avril 2016
Au Vietnam, le jour et l’année sont basés sur la course du soleil, alors que le mois est calculé en fonction de la lune. Il en résulte l’adoption d’un calendrier lunaire pour le choix des dates des grandes fêtes.

Fête de la pagode Bai Dinh, province Ninh Binh

Une chanson populaire vietnamienne des temps immémoriaux disait :
«Le premier mois, on fait bombance chez soi, pour le Têt !
Le deuxième, on se livre au jeu d’argent,
Le troisième, on s’adonne aux plaisirs des fêtes...»

Les fêtes, partout dans le monde, tirent leur origine du climat, des croyances religieuses ou des conditions économiques et sociales. Il arrive que l’un de ces facteurs émerge, ou que tous s’imbriquent et fusionnent. La fête populaire la plus typiquement vietnamienne est le Têt, Jour de l’An : elle est l’apanage du paysan riziculteur qui, après avoir trimé dur toute l’année, laisse un peu de répit au sol et à lui-même au lendemain de la récolte principale : c’est pour lui l’occasion de saluer le printemps, de communiquer avec le Ciel et la Terre, de rendre un culte à Bouddha, aux saints, aux divinités et aux ancêtres, de resserrer le lien avec la grande famille et les villageois.

C’est dans cet esprit que les villages, surtout ceux du Nord, berceau de la culture vietnamienne, célèbrent les fêtes printanières, non seulement pendant le troisième mois, mais depuis le premier à la fin du troisième. Ces réjouissances populaires reflètent des croyances autochtones tout en portant le sceau du bouddhisme, du confucianisme et du taoïsme importés de Chine.

Maison communale, le noyau des fêtes

La maison communale, centre social, politique et culturel du village, est le site des fêtes. Chaque printemps, la cérémonie d’ouverture dure de six à quinze jours en l’honneur du Génie tutélaire. Ce dernier peut être un héros qui a rendu d’éminents services au pays, ou qui a appris un métier aux villageois. C’est ainsi que le village de Bùng, commune de Phùng Xa, district de Thach Thât, Hanoi, rend les honneurs à Phùng Khac Khoan, ancêtre du tissage de la soie, que celui de Triêu Khuc voue un culte à un héros qui a repoussé l’envahisseur et enseigné à la population la fabrication de la soie grège.

La cérémonie à la maison communale est toujours accompagnée de sacrifices, de la procession du palanquin du Génie tutélaire et de jouissances populaires (chants alternés, marionnettes sur eau, jeu de «nid de crevettes» pratiqué dans les miradors, jeu d’échecs à pièces humaines, lutte, combat de coqs, balançoire, lâcher d’oiseaux, concours de cuisson de riz, régates, cerfs-volants...).

Certains jeux rappellent des croyances qui remontent à l’aube de l’histoire : culte du soleil, rites de la fécondité. À Dà La, à la clôture des fêtes, les sacrifices duraient dix jours. Au milieu d’une cérémonie, toutes les lampes et bougies étaient éteintes, la maison communale était plongée dans les ténèbres, tout le monde, hommes et femmes, jeunes et vieux, se livraient à de joyeux ébats, un moment. Si vous voulez faire un pèlerinage en barque entre ciel et eau, participez à la fête printanière de la Pagode des Parfums.

CVN