Le vieux quartier de Hanoi a conservé son âme et son histoire
Mettre à jour: 27 Avril 2016
Le vieux quartier de Hanoi ou le «Hanoi des 36 rues et corporations », c’est l’âme de la capitale vietnamienne: c’est là que sont préservées les traditions de la ville millénaire. Il a fait son apparition au 15ème siècle, lorsque des commerçants et des artisans venus de partout ont décidé de tenter leur chance à Thang Long, la capitale.

En 1010, le roi Ly Thai To décida de transférer la capitale de Hoa Lu, terre nichée dans des montagnes, vers Dai La, une citadelle située dans une plaine fertile, qu’il a décidé de rebaptiser Thang Long (Dragon prenant son envol, en français). Dans son édit royal justifiant ce déplacement de capitale, le monarque qualifia Thang Long de «lieu de convergence des quatre points cardinaux, capitale idéale des rois de tous les temps». De fil en aiguille, les commerçants sont venus de plus en plus nombreux, les producteurs aussi.

«On a constaté que cette zone était bien un point de convergence de voies de communication propice aux échanges commerciaux. L’économie locale se développant de plus en plus, beaucoup de gens ont décidé d’y élire domicile. C’est ainsi que Thang Long est devenu un centre commercial majeur», fait savoir l’historien Nguyen Quang Ngoc.

C’est dans la capitale que les meilleurs artisans du pays ont voulu faire carrière en créant des corporations de métiers. Venus de la campagne, ils gardaient des liens étroits avec leurs villages d’origine, préservant jalousement les mœurs et les coutumes de leur vie rurale. Cela s'est traduit par une série d’activités religieuses et festives qu’ils ont importées à Thang Long, dont certaines existent encore à Hanoi, aujourd’hui. La ville a pris le nom de Hanoi en 1831, sous le règne du roi Minh Mang.

Sous la colonisation française, elle a été réaménagée. Les Français ont accordé une attention particulière au vieux quartier dont ils ont rectifié les rues, y installant un réseau d’évacuation d’eaux usées et des trottoirs. Les rues ont été bétonnées et éclairées. De nouvelles maisons ont été construites en briques avec un toit en tuile. A côté des maisons de style traditionnel, sont apparues d'autres en forme de long tuyau avec une façade décorée à la française.

Après la libération de Hanoi en 1954, la plupart des maisons du vieux quartier était strictement destinée à l’habitation. Cela a changé après 1986, année de mise en œuvre de la politique du Renouveau et de l’ouverture économique. Le quartier est redevenu commerçant, et peut-être plus que jamais. Sur les 76 rues constituant le vieux quartier, 47 gardent leur dénomination ancienne qui commence par le mot «Hàng» signifiant «marchandise», le mot suivant désignant le type de produits qui y sont fabriqués et/ou vendus. Bien qu’il y ait eu des changements au niveau des métiers et des produits proposés, plusieurs rues de corporation ont su sauvegarder leurs traditions ancestrales, affirme Tran Viet Anh, chef-adjoint du comité de gestion du vieux quartier de Hanoi.

«Le vieux quartier conserve encore certains ouvrages et espaces architecturaux anciens, dont son réseau routier et ses vestiges historiques de valeur. Là, c’est pour le côté matériel. Côté immatériel, les valeurs sont incalculables. Nous avons des métiers traditionnels, des mœurs et coutumes, un style de vie qui est propre aux habitants du vieux quartier», estime M. Viet Anh.

Certaines rues sont restées fidèles au métier ancestral. Ainsi, Hang Bac est toujours la rue des orfèvres, Hang Dong celle des mouleurs de cuivre et de bronze, Lo Ren celle des forgerons, To Tich celle où l'on fabrique des tampons encreurs et Hang Thiec, celle des ferblantiers.    

En se promenant dans les petites rues et ruelles du vieux quartier de Hanoi, le touriste rencontre souvent de vieilles architectures telles que des temples, des pagodes, des sanctuaires ou même des vestiges de villages artisanaux d’antan. C’est là que se déroulent périodiquement des cérémonies en hommage aux fondateurs de métiers et des fêtes traditionnelles liées à tel ou tel métier. La vie culturelle et spirituelle des habitants est florissante, les Hanoiens du vieux quartier étant de fervents adeptes des arts traditionnels tels que le chant rituel de chau van ou le chèo, forme d’opéra traditionnel du delta du Fleuve Rouge. Mais ce qui fascine le plus les touristes, c’est le mode de vie très particulier des Hanoiens, nous fait remarquer M.Vinh, un patriarche de la rue Hang Giay.

«Les Hanoiens aiment la quiétude qui caractérise leur vieux quartier. On vit entouré de ses voisins. Chaque fois qu’on ouvre la porte, on voit un voisin. Dans le vieux quartier, tout se sait immédiatement. On se vient en aide les uns aux autres, comme dans un village. En effet, nous avons gardé bien des traditions sociales de la campagne, surtout les valeurs de fiabilité et de courtoisie», dit-il.

La ville se modernise, le vieux quartier aussi, mais ses habitants s’attachent encore beaucoup à leurs racines. Et c’est comme cela que l’espace culturel et l’âme du vieux quartier sont préservés, espérons-le, pour l’éternité.

AVI