À quelque 40 km de Hô Chi Minh-Ville, l'écomusée du bambou de Phu An, situé dans le district de Bên Cat, province de Binh Duong (Sud), conserve et prend soin de plus de 300 variétés de bambou de l'ensemble du pays. Avec cette collection, l'écomusée du bambou de Phu An s'est vu décerner en 2010 le prix Équateur des Nations unies.
Les Vietnamiens, en particulier la population vivant autrefois en zone rurale, construisaient leurs maisons près de rangées de bambous. C'est pourquoi l'image du bambou est attachée à celles des villages vietnamiens. Le bambou est présent dans la poésie et plus largement dans la culture vietnamienne. Sa silhouette rectiligne et sa solidité symbolise l'honnêteté, la franchise, la longévité et la puissance des Vietnamiens. Selon la légende Thanh Giong (le génie Giong), le bambou a servi d'une arme contre les ennemis.
Selon les scientifiques, le bambou est capable de résister à la pollution car ses racines absorbent bien les métaux lourds, et empêche l'érosion des sols. C'est pourquoi il est souvent planté à proximité des digues et des barrages. Sur le plan économique, il est la matière première de nombreux et divers articles d'artisanat, y compris pour la décoration intérieure.
L'écomusée du bambou de Phu An est né d'une initiative de Diêp Thi My Hanh, enseignante en biologie à l'Université des sciences naturelles de Hô Chi Minh-Ville. Son objectif est de préserver toutes les espèces de bambou présentes dans le pays et, en même temps, de devenir un site touristique tout autant que de recherche pour les étudiants, et de faire valoir la protection de l'environnement, auprès des jeunes notamment.
Assistance française
Ce projet, qui contribue notablement à améliorer le niveau de vie de la population locale, est le fruit d'un partenariat entre l'Université des sciences naturelles de Hô Chi Minh-Ville, la province de Binh Duong, la région Rhône-Alpes, et le Parc naturel Pilat (France). L'écomusée de Phu An bénéficie d'un soutien financier français de 600.000 euros (environ 18 milliards de dôngs). La province de Binh Duong a accordé pour sa part trois milliards de dôngs et dix hectares de terrain pour sa construction.
Ouvert en octobre 2003, il comprend plus de 300 espèces de bambous des provinces du Nord, des hauts plateaux du Centre et du Sud du Vietnam.
"En tant qu'auteur de ce projet, j'espère qu'il présentera un intérêt concret pour la population locale, et qu'il deviendra un village écologique ainsi qu'un lieu d'éducation sur la protection de l'environnement", confie Diêp Thi My Hanh.
Cet écomusée comprend trois parties principales : une zone de recherche et de collection, un laboratoire et une salle d'exposition. En dehors des touristes, cet endroit accueille de nombreux étudiants, élèves, ainsi que chercheurs vietnamiens et étrangers. À l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement (5 juin), une délégation d'une cinquantaine d'étudiants des universités des sciences sociales et humaines, des sciences naturelles, ainsi que du Pôle universitaire français (PUF) de Hô Chi Minh-Ville a visité ce lieu.
Les étudiants y ont écouté des explications sur plusieurs variétés de bambou comme le tre tà u (Gigantochloa cochinchinensis), le luong Phu Tho ( Dendrocalamus membranaceus), le luông da (Bambusa sp), gây (Bambusa sp), le lôc ngôc ( Bambusa bambos), le tre và ng soc (Bambusa vulgaris vittata hay strictata), ou encore le tre nuoc (Bambusa spinosa spinosa)…
"En comptant le nombre de tiges de bambou, on peut calculer son âge. L'écomusée de Phu An reproduit plusieurs variétés de bambou suivant les commandes de clients", déclare Nguyên Duc Tin, assistant de Mme Hanh.
Par ailleurs, trois thèses de doctorat sur le bambou, l'amélioration du sol par des méthodes biologiques, et sur l'absorption des métaux lourds pour la dépollution des sols sont en cours de déploiement dans cet écomusée. Le village du bambou de Phu An accueille en outre un grand nombre de stagiaires d'universités françaises.
Les cadres de ce village ont créé des cours de français pour les élèves de la commune de Phu An, lesquels reçoivent également des connaissances sur la protection de l'environnement, qui est appelée "la Classe verte".
"J'aime la nature et le bambou, je photographie beaucoup ces plantes à Phu An et je vais les envoyer à mes amis. Ma visite d'aujourd'hui à Phu An est agréable", indique Régis Roullet, un retraité français qui habite dans l'arrondissement de Go Vâp, à Hô Chi Minh-Ville.