En ce début de printemps, les ethnies vietnamiennes s’étaient données rendez-vous au village culturel qui leur est dédié, en banlieue de Hanoi. La fête « couleur printanière des ethnies vietnamiennes » n’était pas seulement une occasion de rencontre, mais surtout une célébration de la richesse et de la diversité des festivités traditionnelles.
Gàu Tào est une fête printanière typique des H’Mong. Au son des flûtes, le patriarche du village chante pour remercier le Ciel et la Terre d’avoir apporté à son peuple une progéniture nombreuse et des récoltes abondantes. Une grande perche est installée au milieu du village, sur laquelle sont accrochés une gourde d’alcool et un morceau d’étoffe rouge, que l’on peut apercevoir de loin. C’est une invitation adressée aux divinités et aux visiteurs à venir se joindre à la fête. Pour les H’Mong, Gàu Tào n’est pas qu’une cérémonie spirituelle, c’est aussi une occasion de s’amuser avec des jeux folkloriques, et de chercher son âme-sœur. « Depuis toujours, nous, les H’Mong, organisons la fête Gàu Tào pour attirer la bénédiction du Ciel dans l’espoir de mener de bonnes affaires, de faire de nouveaux enfants, de bien les nourrir et d’avoir de bonnes récoltes. Aujourd’hui, en reconstituant cette fête au village des ethnies, nous souhaitons la porter à la connaissance du plus grand nombre. » a estimé Giàng Mi Phu qui vient de la province de Ha Giang, au Nord.
Chez les Pa Then, ce sont les génies du feu et de l’eau qui sont à l’honneur. On a installé un énorme feu à bois avant de demander à ces génies la permission de commencer la fête. Le chaman entonne des chants rituels. Dès que sa voix s’estompe, les Pa Then sentent monter en eux une force divine. Leurs corps tremblent. Ils sont prêts à danser sur le feu, ou plutôt sur le bois brûlant ! Ils y croient avec ferveur : plus importante est la force que les divinités leur offre, plus longtemps ils pourront tenir. En tout cas, lors de la fête au village des ethnies, les jeunes gens ont dansé jusqu’à ce que le feu soit complètement éteint. Ils n’étaient d’ailleurs pas les seuls. Des membres d’autres ethnies se sont joints à eux. Des Tay, des Yao, des Lo Lo, des Hoa…. « La danse sur le feu des Pa Then a lieu traditionnellement du 16ème jour du 10ème mois lunaire au 15ème jour du 1er mois lunaire pour chasser les mauvais esprits, s’attirer la bonne santé et la prospérité. Je suis vraiment reconnaissante envers le Parti et l’Etat d’avoir permis de créer ce village qui rassemble la grande famille des 54 ethnies du Vietnam » a expliqué Phù Thi Thien qui vient aussi de la province de Ha Giang.
Alors que les Yao reproduisent un mariage typique de leur ethnie, que les Tay se préparent à leur cérémonie rituelle du Then, les Kinh, majoritaires au Vietnam, ont aussi leurs originalités culturelles à présenter. Nguyen Van Dai, de la province septentrionnale de Bac Giang, est un chanteur spécialisé dans le « hat ong », un chant alterné dans lequel les deux interlocuteurs – un garçon et une fille - sont reliés par un fil en nylon avec, à chaque extrêmité, un morceau de bambou servant de « micro ». « En fait, les fêtes populaires ne sont pas une forme de théâtre, avec tout ce que ça implique de mise en scène...etc… Mais pour les préserver, il faut qu’elles soient connus du plus grand nombre, d’où la nécessité des représentations. Les artistes qui y participent doivent à la fois respecter l’authenticité de leur art traditionnel et les exigences artistiques de la scène » nous a-t-il confié.
La fête au village des ethnies s’est terminée, mais les festivités populaires continuent dans toutes les localités du pays. Pour découvrir la richesse culturelle des ethnies vietnamienne, le printemps est vraiment la saison idéale!