Le son de cloche dans la culture bouddhique vietnamienne
Mettre à jour: 03 Avril 2013
Pour les Vietnamiens, la pagode et son clocher ne font pas seulement partie de l’environnement, mais aussi du quotidien. Certes, tous les Vietnamiens ne sont pas bouddhistes, mais cette culture leur est tellement familière qu’elle les imprègne depuis leur plus tendre enfance. A l’aube ou au crépuscule, la cloche retentit, apportant à chacun la quiétude. Comme un miracle. Quel est donc le secret de ce son magique ?

Selon la philosophie bouddhique, la cloche symbolise la sagesse. Le son de cloche est sensé éveiller les hommes. A la pagode, on ne dit pas « frapper » la cloche mais « l’inviter à sonner ». Car c’est bien sacré. Les 108 coups requis pour chaque « séquence de son de cloche » correspondent aux 108 ennuis principaux que l’homme est sensé chasser. Les bouddhistes croient que ce son magique peut atteindre tous les mondes, même l’enfer, pour libérer les êtres de leurs souffrances et leur apporter la sérénité. Le son de cloche est un message divin envoyé à tout un chacun, l’invitant à revenir à sa bonté originelle, à renoncer à l’avidité, à la colère et à l’ignorance, considérées comme les trois poisons pour l’esprit.

Vous l’aurez compris, la cloche occupe une place extrêmement importante dans une pagode. Sa fabrication est un véritable événement auquel les villageois assistent avec ferveur. Les artisans sont sélectionnés non seulement pour leur savoir-faire mais aussi pour leur foi. Avant le moulage, les bonzes procèdent à un ensemble de rites solennels. Et, c’est indispensable, ils reçoivent de l’or offert par les fidèles. De l’or, oui, car si l’on s’en réfère à la technique traditionnelle de moulage des cloches, celles qui sont faites à partir d’un alliage entre le métal jaune et le cuivre donnent un son qui porte plus loin. Les donateurs sont nombreux. Pour eux, c’est un honneur que d’apporter leur part à la fabrication d’une cloche. C’est le cas de Vu Thi Minh, une habitante de Hanoï : « Mon offrande aujourd’hui est de l’or pour fabriquer une cloche. J’enverrai dans le futur son de cloche tous mes souhaits. Qu’il bénisse ma famille ! »

Le professeur Pham Minh Khang, spécialiste du folklore, explique : « La cloche de pagode n’est pas un instrument qui résonne comme les autres. Le son qu’elle produit nous vient de là-haut. Il a été créé par le Ciel et la Terre. Il fait parvenir aux divinités les souhaits des hommes qui implorent leur bénédiction, pour s’attirer la paix, la sérénité, un climat clément, de bonnes affaires et des récoltes abondantes. » A la campagne, le son de cloche rythme la vie des villageois. Au petit matin, il les réveille pour aller au champ. Au coucher du soleil, il marque la fin d’une journée de travail. Tout souci, toute inquiétude, toute fatigue semblent pouvoir se dissiper grâce à ce son familier et pourtant si sacré.

VOV