Le mariage traditionnel des Kinh
Mettre à jour: 30 Mai 2013
Le mariage est une célébration particulièrement importante chez les Kinh, aussi bien pour les jeunes mariés que pour leurs deux familles dont l’implication est primordiale, ancêtres compris ! Découvrons tout de suite comment se passent les mariages traditionnels des Kinh.
Autrefois, le mariage à proprement parler était précédé de plusieurs rites : la première approche, la rencontre entre les deux familles, les fiançailles, pour ne citer que celles-là... Aujourd’hui, les choses sont apparemment beaucoup plus simples puisqu’il n’y a plus que... 3 rites.     

Le premier de ces rites est appelé dam ngo. Avec le consentement des parents de la jeune fille, la famille du jeune homme arrive à une date fixée pour évoquer officiellement son souhait de nouer des relations avec celle de la jeune fille. Vu Thi Thanh Tam, une chercheuse du musée d’ethnographie du Vietnam : Cette cérémonie est censée créer un climat de compréhension mutuelle entre les deux familles. Les proches du jeune homme apportent des feuilles de bétel et des noix d’arec. Ils peuvent y ajouter du thé, des fruits et des friandises. Après le dam ngo, ce sont les fiançailles, qui ont lieu en général dans les 3 mois qui suivent, mais elles peuvent aussi avoir lieu un an après ».

Le jour des fiançailles, donc, la famille du marié apporte des offrandes emballées dans du papier rouge, lequel est censé porter bonheur à la famille de la mariée. Les offrandes : des feuilles de bétel, des noix d’arec, de l’alcool, du thé, des friandises, des graines de lotus confites... sont portées par des jeunes garçons qui les remettront aux jeunes filles choisies avec le plus grand soin par la famille de la future mariée. Lors de ce jour donc, les jeunes filles sont habillées en ao dai, la tunique traditionnelle, tandis que les hommes sont en général revêtus d’un costume-cravate. Les parents des futurs mariés profitent de l’occasion pour fixer la date du mariage. Thanh Tam nous explique: « Les offrandes sont déposées sur l’autel des ancêtres de la future mariée. On en renvoie une petite partie à la famille du futur marié, tandis que le reste est distribué, avec le faire-part, aux amis et aux proches de la future mariée. Alors que pour la famille du futur marié, le faire-part suffit ».  

Lorsque vient enfin le jour du mariage, des représentants de la famille du marié apportent des feuilles de bétel, des noix d’arec et de l’alcool chez la mariée pour annoncer l’arrivée du cortège de mariage. Ce cortège est généralement conduit par une personne âgée de la famille du marié. Une fois arrivée chez la mariée, les mariés s'agenouillent et prient devant l’autel des ancêtres, pour demander la permission et la bénédiction des ancêtres de la lignée. Une fois le cortège rentré chez le marié, le couple brûle également des bâtonnets d’encens devant l’autel des ancêtres. Le couple fait ensuite demi-tour et s'incline devant les parents pour les remercier de les avoir élevés et protégés jusqu'à ce jour. Le maître de cérémonie donne ensuite de nombreux conseils du type « comment entretenir une famille heureuse ». La parole est réservée à la famille du marié. Les mots, les phrases doivent être choisis minutieusement pour ne pas déparer à la solennité de l’instant. 

Pour ce jour de mariage, la mère du marié ou une autre femme choisie pour la circonstance pénètre dans la chambre des mariés pour préparer la couche nuptiale. Thanh Tam : « On va chercher quelqu’un de respectable, qui a une nombreuse descendance, pour préparer la couche nuptiale, en souhaitant qu’elle porte bonheur au jeune couple. Cette tradition est encore préservée dans les milieux ruraux ».  

Dans le delta du Mekong, les cérémonies de mariage se diffèrent un peu. Le cortège du marié est forcément conduit par le chef de la lignée et par l’entremetteur. La coutume veut en effet que les meneurs soient 2 : un chiffre impair - 1 à fortiori - étant considéré comme néfaste au jeune couple. Vo Mai Phuong, une autre chercheuse du musée d’ethnographie : « Il y a quelques différences entre le Nord et le Sud. Dans le delta du Mekong, par exemple, lors du retour, les jeunes mariés doivent constamment se tenir la main. Ça veut dire qu’ils ne se sépareront pas, malgré les obstacles ».      

Le lendemain du mariage, le jeune couple retourne rendre visite aux parents de la mariée. Au Nord, les époux apportent du riz gluant et de la compote liquide comme présent. Au Sud, ils apportent du vin, du thé, des pâtisseries, des fruits, voire même des canards dans certains endroits. Si les deux familles sont géographiquement trop éloignées l’une de l’autre, cette coutume peut être négligée.  Mai Phuong : « Au Nord, le bétel et la noix d’arec sont indispensables aux cérémonies de mariage. Pour les gens au Sud, il ne faut pas oublier les bougies décoratives, souvent sculptées en forme de phoenix ou de dragon ».    

Lors du jour de mariage, tout le monde se retrouve pour un grand banquet et une belle réception. Quant aux offrandes qui ont été déposées sur l'autel des ancêtres, elles sont ensuite partagées entre les deux familles, pour porter bonheur aux deux clans.
VOV