Mais c’est dans la province montagneuse de Hà Giang, au nord du Vietnam, chez les Mongs, que l’art de la guimbarde est porté à son plus haut degré de raffinement, servant même aux jeunes gens à exprimer leur amour.

La guimbarde est un instrument que l’on trouve sur tous les continents, sous des formes diverses et variées. Au Vietnam, elle a une longue histoire. Elle séduit un public de plus en plus nombreux, notamment depuis qu’un certain Nguyên Minh Duc a remporté le prix du meilleur interprète lors du Festival mondial de guimbarde, organisé en 2006 aux Pays Bas.

On trouve des guimbardes en métal ou en bambou chez les Gia Rai, les Ba Na ou les E De, c’est à dire sur les hauts plateaux du Centre. Quant à la guimbarde en cuivre, c’est chez les Mongs, à Hà Giang et à Lào Cai, au Nord, qu’on la trouve. La guimbarde des Mongs de Hà Giang est hautement appréciée par la communauté internationale, en raison de sa forme et de sa capacité à émettre des sons aigus et résonnants. D’une longueur de 7cm, elle est faite en cuivre. Elle comprend un cadre et une lamelle appelée luette destinée à amplifier la vibration.

Pour jouer de la guimbarde, il faut poser l’instrument entre ses lèvres, avec la pointe de la lamelle vers le milieu de votre bouche. La main gauche tient l'instrument et la main droite actionne la languette et la fait passer entre les lèvres pour obtenir différentes fréquences sonores. Phạm Hồng Thái étudie depuis une bonne dizaine d’années la guimbarde et gère le magasin Thái Khuê, rue Hàng Mành, à Hanoi, spécialisé dans la fabrication des guimbardes : "Les touristes étrangers, notamment français et allemands, s’intéressent beaucoup aux guimbardes vietnamiennes, qu’elles soient en bambou ou en cuivre. Mais ils préfèrent les petites guimbardes des Mongs qui sont faciles à utiliser, qui donnent des sons plus résonnants et dont la qualité est meilleure que celle des guimbardes européennes."

Plusieurs chercheurs se sont penchés sur l’espace culturel de la guimbarde vietnamienne. Actuellement, les Mongs de Quản Bạ, dans la province de Hà Giang ou de Sapa et Bac Hà, dans la province de Lào Cai, utilisent cet instrument pour exprimer leur amour. Les hommes le prennent souvent avec eux. Il faut dire que jouer de la guimbarde fait partie des us et coutumes Mongs, ou plutôt faisait partie: la vie moderne étant ce qu’elle est, voilà une tradition qui est en voie de disparition, au grand dam des chercheurs. Hùng Đình Quý, un chercheur : "Pour préserver la guimbarde des Mongs, il faut remettre les festivités traditionnelles à l’honneur. Il importe en particulier d’aider les jeunes filles et les jeunes garçons à comprendre profondément la signification de la guimbarde dans la vie. Il faut aussi organiser des cours de formation pour les jeunes. C’est comme ça que nous pourrons préserver les patrimoines culturels nationaux."

La guimbarde est une preuve vivante de la richesse et de la variété des instruments musicaux traditionnels du Vietnam. Pour la préserver, depuis 2008, plusieurs localités des hauts plateaux du Centre et du Nord-Ouest organisent des activités concrètes: des cours de formation, des concours d’interprétation… Plusieurs fêtes traditionnelles ont également été reconstituées. Tout cela dans le but de mettre en avant l’espace culturel de la guimbarde, mais aussi d’enrichir la vie culturelle et de développer le tourisme national.