Lors de ces fêtes, en dehors des rites solennels, les jeux populaires suscitent toujours une forte participation de la population, donnant de la joie aux joueurs comme aux spectateurs. Ils expriment toujours étroitement les travaux de la vie quotidienne.
Selon le chercheur en culture Giang Quân, toutes ces festivités mettent en valeur autant la force physique que l’intelligence et la créativité des individus, appelés à combattre pour défendre le pays et garantir le bonheur du peuple. Ces jeux populaires rythment la vie des Vietnamiens, révélant la vitalité des traditions du pays.
Les jeux populaires connus
Parmi les innombrables jeux pratiqués lors des fêtes traditionnelles vietnamiennes, quelques-uns, très populaires, sont systématiquement organisés.
Ainsi, la course de pirogues existe au Vietnam depuis longtemps. Dans plusieurs localités, elle a son origine dans une coutume paysanne liée à l’invocation de la pluie. Plutôt qu’une compétition, elle s’adresse aux génies des eaux, qui représentent également dans les croyances populaires la fécondité. Aujourd’hui, la course de pirogues est un jeu central de très nombreuses fêtes dans l’ensemble du pays, et plus encore dans les localités situées à proximité d’un cours d’eau ou de la mer.
Le lancer de balle est aussi un jeu rituel qui doit figurer au programme de nombreuses fêtes. Le lancer de balle cuop câu est l’expression d’une croyance populaire des cultivateurs : il s’agit d’une invocation pour de bonnes récoltes. La balle est en bois. C’est, parfois, juste un pamplemousse ou une noix d’arec. Les rites religieux terminés, la balle est lancée dans la cour du temple. Les deux camps, constitués d’hommes jeunes, nus excepté un cache-sexe de différentes couleurs, s’affrontent. C’est un jeu très animé.
Le jeu de balançoire, dont il existe plusieurs catégories et règles, est très pratiqué. En général le ballant atteint une dizaine de mètres, au point que les joueurs sont à l’horizontal, mais dans les régions montagneuses du Nord, ils effectuent un tour complet.
Le combat de coqs est aussi particulièrement populaire, chez les hommes s’entend. À la fois divertissement et affrontement, il est fréquemment au programme des fêtes locales. Il se joue sur un terrain plat de dimensions restreintes. Au signal d’un tambour, les deux patrons vont chercher leurs coqs et les font se tenir face à face à environ deux mètres de distance. Au signal, les coqs sont lâchés. Ils tendent le cou, écarquillent les yeux pour s’observer, parfois ils hésitent une minute, puis ils s’approchent fièrement l’un de l’autre.
Le jeu d'échecs en grandeur nature - échecs traditionnels - avec de vraies personnes jouant les pièces, est assez répandu dans les villages du Nord. On le pratique à l’occasion du Têt traditionnel ou des fêtes de village. Le jury choisit 32 jeunes garçons et filles célibataires, âgés de 15 à 20 ans, en nombres égaux. Le général et la générale doivent être choisis avec un soin particulier. Ils doivent être à la fois beaux et vertueux, et ne pas avoir connu de deuil au cours de l’année passée.
Préserver les jeux traditionnels
En l’absence de jeux populaires, les fêtes du printemps manquent d’âme. Mais ils peuvent fort bien disparaître, et leur conservation s’impose dans l’intérêt des générations suivantes. Ils ont en effet un rôle important dans la formation de la personnalité des jeunes, souligne le chercheur en culture Giang Quân.
Préserver et faire valoir les jeux populaires traditionnels impliquent nécessairement la participation de toute la société, des autorités locales comme centrales. La culture traditionnelle est la quintessence de la Nation. Elle se transmet de génération en génération. L’heure est aujourd’hui à la conservation et à la valorisation de ces jeux si l’on ne veut pas voir ce bel héritage s’évanouir...