Déjà 6 ans que l'Espace culturel des gongs du Tay Nguyen a été reconnu par l'UNESCO comme « patrimoine oral et immatériel de l'Humanité » (25 novembre 2005). Il est temps de faire un premier bilan, notamment dans le contexte où la vie des habitants au Tay Nguyen connaît de profonds changements.

L’Espace de la culture des gongs englobe plusieurs provinces et dix-sept communautés ethnolinguistiques austro asiatiques et austronésiennes. Étroitement liés à la vie quotidienne et au cycle des saisons, leurs systèmes de croyances composent un monde mystique où le jeu du gong constitue un langage privilégié entre les hommes, les divinités et le monde surnaturel. Derrière chaque gong se cache un dieu ou une déesse d’autant plus puissant que le gong est ancien. Toute famille possède au moins un gong qui témoigne de sa fortune, de son autorité et de son prestige, tout en lui assurant protection. Si différents cuivres sont utilisés lors de certaines cérémonies, seul le gong est présent dans tous les rituels de la vie de la communauté et constitue le principal instrument cérémoniel. 

Bien que séculaire, l’usage du gong est menacé par la modernisation qui gagne ces villages et la désaffection d’une partie de la population, surtout des jeunes, à leur égard. Certaines familles pauvres n’hésitent plus à vendre leur ensemble de gongs, hérité de leurs ancêtres. Lié à la culture traditionnelle, le gong ne survivra en tant qu’élément de la vie villageoise que si la société traditionnelle se perpétue.

Afin de préserver ce patrimoine, il est nécessaire de stimuler le développement économique dans le Tay Nguyen, d'améliorer le niveau de vie des populations locales, de préserver les ensembles de gongs rares et de promouvoir l'apprentissage de cet art.

A l'heure actuelle, beaucoup de hameaux du Tay Nguyen ont leur propre équipe de joueurs de gongs pour animer les activités de la communauté. Les touristes peuvent donc toujours profiter de cet art, mais pour combien de temps encore ?