Réputé depuis des dizaines d'années, le banh chung
(gâteau de riz gluant) Nhât Lê est un premier choix des Huéens à l'occasion du
Têt traditionnel.
Située près de la Cité impériale, ancienne capitale
de Huê (Centre), la rue Nhât Lê est toujours bondée les jours précédents le
Têt. La famille de Mme Dân, implantée dans cette rue depuis des
générations, prépare alors un grand volume de matières premières pour
confectionner le bien nommé banh chung Nhât Lê. "À partir de la
fin du 11e mois lunaire, beaucoup de clients viennent chez moi pour
commander des banh chung. Nous devons préparer des centaines de kilos de riz
gluant et de feuilles de bananes", confie-t-elle avec joie.
Âgée de plus de 70 ans, Mme Dân exerce ce
métier depuis une cinquantaine d'années. Un métier transmis de père en fils.
D'après elle, la clientèle apprécie ce produit familial. "Beaucoup de
clients en achètent des dizaines et les envoient même à des amis à l'étranger
!", s’amuse-t-elle. Une cliente opine de la tête : "Au dernier
Têt, j'en ai acheté une dizaine pour des amis de Hô Chi Minh-Ville".
Beaucoup d’autres familles situées aux alentours de la rue Nhât Lê
confectionnent aussi des banh chung, toute l’année ou seulement à l’occasion du
Têt. Celle de Mme Doan appartient à la deuxième catégorie. "Ma famille
ne produit ce gâteau que pour le Têt traditionnel. Le reste de l’année, nous
n’en faisons pas", explique-t-elle.
Le choix du riz gluant est capital
Dans la rue Nhât Lê, une dizaine de familles
confectionnent le banh chung. Le prix est bon marché, de l’ordre de
7.000 à 25.000 dôngs/pièce, selon la dimension.
Selon les fabricants, pour faire un bon banh chung,
il faut d’abord choisir un excellent riz gluant, «si possible cultivé dans
le district de Huong Trà», précise l’un d’eux.
Les jours qui précèdent le Têt traditionnel, les
ateliers des fabricants débordent de matières premières : feuilles de banane,
bassines de haricots mungo, viande de porc, riz gluant...
Selon Mme Dân, si cinq à sept personnes
suffisent amplement les jours ordinaires, il en faut une trentaine de plus à
l'approche du Têt. Idem pour les marmites de banh chung : au moins dix
avant le Têt, deux ou trois le reste de l’année. "Chaque marmite en
contient entre 200 et 300", précise-t-elle.
Dans l’esprit des Huéens, le banh chung Nhât Lê fait partie du
patrimoine local, au même titre que les vieilles bâtisses aux tuiles vernissées
datant de la période des rois Nguyên.