Les dynasties féodales du Vietnam ont laissé derrière
elles de nombreux patrimoines architecturaux de valeur. Les tombeaux de
mandarins en pierre en font partie. Dans le seul district de Hiêp Hoà, province
de Bac Giang (Nord), on en recense 26, tous reconnus patrimoines culturels
nationaux.
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Statue d'éléphant en position agenouillée dans le mausolée de la lignée des Ngô. |
Selon les statistiques, la province de Bac Giang, à
60 km au nord-est de Hanoi, recense 46 tombeaux de mandarins en pierre. Sur ce
total, 26 ont été trouvés dans le district de Hiêp Hoà, 11 dans le district de
Viêt Yên et 9 dans celui de Tân Yên.
Parmi les ouvrages découverts dans le district de Hiêp Hoà datant des XVIIe
et XVIIIe siècles, les tombeaux de Dinh Huong et de la lignée des
Ngô se distinguent par leur singularité architecturale.
Des
constructions entièrement en pierre
Le complexe des tombeaux de la lignée des Ngô a été construit à partir de 1697
dans le village de Thai Tho, commune de Thai Son. C’est ici que reposent la
dépouille mortelle de Ngô Công Quê - un mandarin militaire qui s’est illustré
sous le règne du roi Lê Hy Tông (1676-1705) - et sa lignée. Construit en
pierres de latérite extraites de la montagne, le tombeau de Ngô Công Quê couvre
environ 400 m². De forme rectangulaire, sa porte principale est orientée au
Sud. Face au tombeau se trouve un étang lui aussi rectangulaire, et dont les
quatre côtés étaient entourés jadis de murs en latérite.
L’entrée principale menant au mausolée est une voûte
au pied de laquelle deux chiens en pierres montent la garde de chaque côté.
Devant le tombeau principal se dressent deux rangées de statues de soldats en
pierre, à l’attitude martiale. Dans l’enceinte même trônent deux éléphants en
pierre agenouillés avec leur trompe enroulée. On peut également distinguer un duo
de chevaux, de lionceaux et de crocodiles finement détaillés. Ces superbes
sculptures sont caractéristiques de l’art architectural de la dynastie Lê
postérieure.
L’art
sculptural original
Le complexe de tombeaux de Dinh Huong, dans le village du même nom, commune de
Duc Thang, se trouve à environ 1,5 km au Sud-Ouest du tombeau des Ngô. Bâti en
pierres vertes, cet ouvrage daterait de l’année 1729 selon les documents
historiques, sous le règne du roi Lê Trung Hung (1533-1788). C’est ici que
repose La Doan Truc (1688-1749), un mandarin de la Marine de guerre.
Cet ensemble architectural, perché sur une petite
colline, couvre 300 m². Le site comporte trois parties principales : les
tombeaux au centre, la partie destinée au culte à gauche, les cercueils à droite.
On y trouve des statues d’hommes et d’animaux de grande taille, minutieusement
sculptées dans la pierre verte. Dans le tombeau, deux statues de mandarins
militaires se dressent, avec leurs chevaux face-à-face. De véritables
chefs-d’œuvre de l’art sculptural sur pierre de nos ancêtres.
Une grande cour dallée de briques fait face à la sépulture, dans laquelle une
paire d’éléphants au regard doux se tient en position agenouillée, ainsi que
deux lionceaux assis, face orientée vers le ciel. Le corps des lionceaux est
revêtu d’écailles de dragon. Leur longue crinière fourmille de détails. Au fond
de la cour, sur les deux côtés du tombeau principal, se tiennent deux statues
de femmes mandarins époustouflantes de réalisme. Les historiens sont unanimes :
il s’agit de l’un des tombeaux en pierre les plus monumentaux et somptueux de
la province de Bac Giang.
Selon le Docteur Nguyên Huy Hanh, ancien directeur du
Musée provincial de Bac Giang, qui a consacré des années de recherches sur ce
patrimoine, les tombeaux de Bac Giang sont les dernières demeures de mandarins
des dynasties Lê-Trinh (1592-1786). Ces ouvrages ont tous été construits sur la
terre natale de ces éminentes personnes.