San Chi, Cao Lan, Man Cao Lan, Hon Ban… Tous ces noms se rapportent à une communauté minoritaire de 150.000 âmes qui est installée depuis des siècles au Nord-Est du Vietnam.
Dans les régions montagneuses, à Cao Bang, à Tuyên Quang ou à Lang Son, les San Chi - appelons-les ainsi par commodité - logent dans des maisons sur pilotis. A Quang Ninh, par contre, leurs maisons sont bâties à même le sol. Cela étant, les temps changent et de nos jours, qu’ils vivent à la montagne ou dans la plaine, les San Chi optent pour des matériaux modernes, moins poétiques, certes, mais plus robustes.
Leur activité dominante ? L’agriculture et l’élevage. Mais à cela s’ajoutent quelques métiers artisanaux comme la menuiserie, la vannerie ou encore la ferronnerie. Dang Thi Trinh, une San Chi de Quang Ninh : « Les San Chi ne sont pas des commerçants-nés !... Là où ils excellent, c’est dans des activités comme l’élevage porcin, la culture sur brûlis, ou encore la sylviculture, même si c’est à une échelle somme toute assez modeste. »
Pour ce qui est de leurs tenues traditionnelles, les femmes San Chi ont un style moins tape-à-l’oeil que les Mong et des Dao. Mais qui a dit que les couleurs sombres étaient tristes et déprimantes ? Que nenni ! Pour peu qu’elles soient utilisées avec discernement, elles sont synonymes d’élégance. Pour peu aussi que l’on sache y ajouter une toute petite touche colorée, au niveau de la ceinture par exemple, et rehausser le tout d’un bracelet et d’un collier en argent, l’effet est saisissant !... Témoins ces jeunes filles graciles, discrètes et fascinantes, que l’on croise lors des fêtes traditionnelles... Quant aux hommes, ils se contentent d’un costume indigo aux longues manches : là encore, la sobriété est de mise. Dang Thi Trinh, toujours : « Jadis, les femmes portaient de grands turbans au niveau de la tête. Aujourd’hui, dans la vie de tous les jours, les San Chi portent les mêmes vêtements que les Kinh. Seuls les mariages ou les autres événements importants les obligent à sortir les costumes traditionnels du placard. »
S’ils ne sont pas des commerçants-nés, les San Chi ont la fibre musicale. Leur existence toute entière est rythmée par un véritable trésor musical, aussi riche que varié.
Les airs folkloriques ne résonnent que lors des mariages, des anniversaires ou des rencontres entre amis. Quant aux paroles, elles sont bien souvent improvisées et donnent lieu à de véritables joutes oratoires. Lâm Minh, un San Chi de Quang Ninh : « Evidemment, les vieux chantent beaucoup mieux que les jeunes. Les moins de 30 ans ne connaissent plus les paroles. Moi, j’en ai appris un peu de mes parents. Par le passé, ils participaient très souvent à des rencontres où on chantait toute la nuit. »
« Toute la nuit »... Eh oui ! Il faut savoir que ces concours d’éloquence musicale ne finissent que lorsque l’une des deux parties en présence est prise à défaut, ce qui n’arrive que très rarement, vous vous en doutez bien !...