De leurs maisons à leurs tenues vestimentaires en passant par leurs traditions nuptiales, les Bo Y se sont forgés une identité culturelle forte, qui reste encore très vivace malgré les inévitables concessions faites à la modernité.
Les maisons à trois travées des Bo Y reposent sur une ossature résistante, construite en bambou et en bois. Quant à la toiture, qui est recouverte de chaume ou de tuile, elle s’appuie sur cinq colonnes. Il y a deux portes, une porte principale qui donne sur la travée centrale et une autre, qui permet d’accéder à la cuisine. Ngu Khoi Phuong, ethnologue: «La longueur et la largeur du plancher doivent avoir une mesure impaire, de même d’ailleurs que la hauteur des piliers. En général, une maison se compose de deux niveaux, un rez-de-chaussée, et une mezzanine qui sert de dépôt. Autre point important : il faut réserver un espace ouvert au-dessus de l’autel des ancêtres.»
Parlons mariages, maintenant. Auparavant, les Bo Y ne se mariaient qu’entre eux. Mais désormais, les unions interethniques sont tolérées, pourvu que les traditions soient respectées. Ngu Khoi Phuong, toujours: «Le clan du jeune homme choisit deux femmes réputées pour leur habileté et leur fertilité. Ce sont elles qui iront demander à la famille de la jeune fille si celle-ci veut bien marier sa fille. Si la réponse est oui, la famille du jeune homme enverra deux entremetteurs chez la jeune fille pour présenter officiellement la demande de mariage et discuter des cadeaux. Quel jour paraît le plus faste ? Est-ce que les horoscopes des deux jeunes gens concordent ?... Ce sont toutes ces questions qui sont posées.»
Toutes ces questions et bien d’autres encore car un mariage réussi suppose des obligations bien précises. Selon la coutume, le marié n’ira pas chercher la mariée chez elle. Celle-ci sera amenée chez son mari sur un beau cheval, conduit par une jeune fille.
Ngu Khoi Phuong, encore: «Parmi les cadeaux de noces il faut un cochon à offrir aux invités. Le convoi du jeune homme est accueilli à la porte où sont disposés quatre bols d’alcool de riz. Les deux clans se mettent alors à échanger des airs alternés. Et celui qui ne peut pas chanter doit vider tous les quatre bols avant d’entrer.»
Gageons qu’à ce jeu-là, tous les ivrognes prennent un malin plaisir à être enroués juste ce jour-là... Mais laissons-les à leurs agapes et intéressons-nous maintenant aux tenues vestimentaires des Bo Y. Les hommes, tout d’abord, dont le cas est vite expédié, vu qu’ils se contentent d’une courte veste à quatre pans et d’un pantalon teinté en indigo. Naturellement, on ne peut pas en dire autant de ces dames qui portent un chemisier à cinq pans, fendu au niveau de l’aisselle droite, dont les manches sont joliment décorées d’ornements multicolores et qui est recouvert d’une veste courte aux couleurs chatoyantes, pourvue de deux pochettes. C’est déjà bien, non ? Eh bien, ça ne leur suffit pas. Elles éprouvent encore le besoin de se couvrir la tête d’un foulard aux motifs fleuris !
« Sur les chemisiers, on s’efforce de bien mettre en valeur les couleurs dominantes. Au niveau de la jupe, par contre, il y a beaucoup de passementerie et de broderie. Toutes ces tenues traditionnelles, on les ressort pour les grandes occasions. Il faut dire que ça prend énormément de temps de les confectionner, presque un an, parfois !... »
Bon, il est clair, en tout cas, que chez les Bo Y, les traditions ont encore la vie dure ! Les autorités locales s’efforcent d’ailleurs de les préserver, en y sensibilisant la jeunesse.