Le côm (jeune riz gluant) du village de Vòng était autrefois l'une
des spécialités de l'ancienne capitale Thang Long et est resté celle de la
capitale actuelle, Hanoi. Lorsque l'automne arrive, les Hanoiens vivant loin de
la capitale se souviennent avec nostalgie de la saveur du côm.
"Gio
thôi mùa thu huong côm moi
Tôi nho nhung mùa thu da qua"
(extrait
du poème Le pays de Nguyên Dinh Thi)
(Le vent souffle, l'automne a un nouvel arôme de "côm"
Je
me souviens des automnes passés)
En évoquant le côm, nous imaginons un champ de riz gluant parfumé. En évoquant
le côm, nous ressentons une vague de mélancolie quand l'automne arrive.
Le côm du village de Vòng est toujours une spécialité culinaire des Hanoiens.
Selon une légende, la fabrication du côm est apparue sous la dynastie
des Lê. À cette époque, les villageois de Vòng souffraient de la famine.
Impossible d'attendre la récolte. Ils décidèrent donc de préparer du riz vert
pour se nourrir. Tout le monde trouva cela bon, même l'empereur. Aussi, les
villageois décidèrent-ils d'en produire en plus grande quantité.
Le village de Vòng se situe à neuf kilomètres du centre-ville de Hanoi, dans le
quartier de Dich Vòng, arrondissement de Câu Giây. Il y a une dizaine d'années,
la plupart des familles de Vòng produisaient du côm. Aujourd'hui, une quinzaine
de familles de ce village pratiquent ce métier. Vòng possédait, dans le passé,
de larges rizières et des maisons à toits de chaume. Dès l'arrivée de la saison
du côm, le bruit des pilons s'entendait aux alentours. "Le riz
gluant cultivé dans les rizières du village permettaient de créer, autrefois,
une bonne sorte du "côm". Aujourd'hui, tout a presque changé", confie
un villageois.
La principale saison dure du 7e au 10e mois lunaire. En outre, les villageois
produisent du côm les 4e et 5e mois lunaires. Dans le passé, Vòng avait
suffissamment de rizières au service de la fourniture de matières premières.
Mais en raison de l'urbanisation, pour produire du côm, les producteurs
doivent acheter actuellement du jeune riz gluant chez les cultivateurs des
régions périphériques de Hanoi comme Dông Anh, Soc Son, Phùng, Nhôn, Tu Liêm et
Gia Lâm.
Un métier transmis de père en fils
La famille de Mme Cân pratique ce métier depuis plusieurs générations. Âgée de
80 ans, Mme Cân a plus de 60 ans d'expérience. Selon elle, quand le Nord ne
produira plus de riz gluant, le village de Vòng arrêtera le côm. Son
fils, M. Tiên, et sa famille continuent d'en produire. "Souvent, je me
lève à 04h00 du matin. Je pédale 15 km jusqu'à Dông Anh afin de récolter et
transporter du riz gluant chez moi. Pour produire un kilo de "côm", il y a tout
un processus à suivre, de l'égrenage à la torréfaction en passant par le
pilage", explique M. Tiên. Selon lui, malgré la pénibilité du travail,
sa famille demeure attachée à ce métier traditionnel transmis par les ancêtres.
Auparavant, le côm était préparé à la main. Maintenant des machines
interviennent dans plusieurs phases de la production. Mais pour Mme Cân, dans
ce cas, il est moins bon. Cependant, le côm du village de Vòng est toujours
considéré comme une spécialité de la capitale.
La famille de Mme Cân est bien connue dans le village. Chaque année, de
nombreux gourmets viennent chez elle pour en acheter. Ensuite, ils l'expédient
à des amis dans le pays, et même à l'étranger. Les Hanoiens ont l'habitude
d'acheter le côm pour le déposer sur l'autel des ancêtres lors des 1er
et 15e jours du mois lunaire.
Mê Tri est un village spécialisé dans la production de côm. M. Tiên, du hameau
de Ha, fait savoir que suite de la hausse du prix de nombreuses marchandises,
le côm coûte 25.000 dôngs un gramme, contre 15.000 dôngs l'année
dernière. "Ainsi, le volume vendu est inférieur à celui dans le passé.
Beaucoup de familles de Mê Tri ont abandonné ce métier transmis de père en
fils. Cependant, ma famille continue à pratiquer ce métier. La saveur du "côm"
est enracinée dans nos mémoires", souligne-t-il.
Au 8e mois lunaires, les Hanoiens entendent souvent les cris des vendeurs
ambulants : "Qui achète du "côm" Vòng?", qui résonnent dans
presque toutes les rues et ruelles de la capitale. La spécialité du village de
Vòng se retrouve dans les grands marchés de Hôm, Hàng Da, Hàng Bè, etc.
"Depuis mon enfance, j'aime le +côm+ Vòng. J'ai 70 ans et je vis aux
États-Unis depuis 50 ans. Cependant, je me souviens de cette spécialité de
Hanoi. Dès que je retourne dans la capitale, j'en achète", explique un
Vietnamien d'outre-mer.
Le côm se marie merveilleusement avec la banane ou le kaki mûr. Un
certain nombre de plats délicieux sont préparés à base de côm : cha côm (jeune
riz et hachis de porc mélangés et frits), côm xào (riz sauté sucré), chè
côm (jeune riz gluant cuit dans du sirop), banh côm (pain de côm garni),...
Depuis longtemps, le banh côm est un des cadeaux de fiançailles. C'est
aussi une offrande pour le culte des ancêtres. À Hanoi, tout le monde connaît
la rue Hàng Than, située dans l'ancien "quartier des 36 rues et
corporations", où se trouvent les meilleures boutiques de banh côm.
Le banh côm est garni d'haricots verts cuits et pilés, de graines de
lotus, de noix de coco, d'essence de fleur de pamplemoussier... Jadis, il était
enveloppé dans des feuilles vertes de bananier, ficelées par un lien rouge de
bambou, lesquelles sont actuellement remplacées par une boîte en carton.
Les villageois de Vòng et Mê Tri s'emploient à préserver ce métier pour que la
saveur du côm continue d'enivrer les Hanoiens au début de chaque
automne.