L'escalade libre, un sport qui reste encore peu connu au Vietnam, se
pratique depuis peu dans la baie d’Ha Long, province de Quang Ninh (Nord). Ces
pionniers sont pour la plupart membres du club Vietclimb, créé par un Français
expatrié.
La baie d’Ha Long, un jour d'été caniculaire. Des
cris résonnent contre les falaises écrasées de chaleur. "Come on Hà ! Come
on Duong !". Au milieu de ces encouragements, deux grimpeurs s'extirpent
de leur kayak et s'accrochent au rocher. Ils débutent leur ascension, avec des
gestes déliés. Duong, l'unique fille du groupe, grimpe sans efforts, avec comme
seul équipement une paire de chaussons d'escalade, sans corde d'assurance.
L'objectif est de grimper dix voire 20 mètres, puis de se laisser choir dans la
mer. Mais pas n'importe comment : bien droit comme un sinon, bonjour les dégâts
!
Duong et Hà sont tous les deux membres du club de grimpe Vietclimb, qui
organise de fréquentes sorties dans ce site reconnu patrimoine naturel de
l'humanité par l'UNESCO.
Des voies à foison, pour tous les niveaux
"La baie d’Ha Long est depuis peu une nouvelle destination pour les
grimpeurs, vietnamiens et étrangers", informe Ha Quang Khai, qui est
l'unique guide vietnamien à posséder un diplôme international d'escalade libre.
Selon lui, récemment, des grimpeurs chevronnés ont exploré la baie, et repéré
des centaines d'endroits favorables. "J'ai accompagné ces
professionnels. C'est pourquoi je connais comme ma poche ces lieux de grimpe,
se vante-t-il.
Pour moi, Ha Long, c'est un paradis pour varappeurs !"
Les pains de sucre de la baie offrent en effet une pléthore de sites
d'escalade, pour tous les niveaux. La difficulté d'une voie est représentée par
un système de cotation, de troi à neuf, avec des niveaux intermédiaires en
lettres, de a à c. Par exemple, une voie cotée "4 a" est idéale pour
débuter, par contre une voie "7c" ou "8a" est réservée à
l'élite. "Les sites et les voies sont marqués sur des cartes, et le
choix de tel ou tel lieu dépend du niveau de pratique des grimpeurs", fait
savoir Quang Khai. Selon lui, il est moins difficile de guider des pratiquants
réguliers, même débutants, que des touristes désireux de découvrir ce sport.
Pour ces derniers, l'important c'est de connaître une sensation forte. Le guide
doit les accompagner du début de l'ascension jusqu'au saut dans l'eau, et ne
jamais relâcher son attention.
Jean Verly, "Mister gecko"
Derrière l'émergence de ce nouveau sport à Hanoi, un seul homme : Jean Verly,
créateur de Vietclimb. Selon ce Français jovial au physique de play-boy, à
l'aise dans ses baskets et encore plus dans ses chaussons d'escalade, il existe
dans le monde plusieurs types de grimpe à main nue, et celui actuellement
pratiqué à Ha Long s'appelle "rock climbing and deep water soloing"
(littéralement : escalade et saut dans l'eau, profonde bien sûr). Jean garantit
deux bonnes doses d'adrénaline pour le prix d'une : à la montée et, surtout, à
"la descente". Féru de grimpe depuis l'âge de 15 ans, et ayant
fréquenté la plupart des "hot spots" de varappe de France et de
Navarre, Jean est venu en 2005 s'installer à Hanoi, avec l'ambition - secrète -
d'y développer le sport qu'il adore. Fier de ses origines franco-vietnamiennes,
ce trentenaire avoue être "très attaché" au pays de sa mère. Début
2006, il a créé le site web vietclimb.com, "pour faire connaître
aux jeunes vietnamiens ce sport d'aventure très bon pour la santé" -il.
Et son club est né peu de temps après à Hanoi. On y compte une cinquantaine de
membres, pour la plupart des étrangers. Deux fois par mois, ils partent à moto
ou en voiture à la conquête de telle ou telle paroi, à Hoà Binh, Son Tây ou Ha
Long...
Antoine, français également, est celui du groupe qui parle le mieux le vietnamien.
"Avec sa quantité de falaises calcaires, sur terre comme sur mer, le
Vietnam a toutes les conditions pour développer ce sport", précise-t-il.
À Hanoi depuis quelques années dans le cadre d'un projet de coopération
franco-vietnamien d'adduction d'eau potable à la campagne, il a été l'un des
premiers membres du club Vietclimb. "Je suis content de pouvoir
pratiquer ici l'escalade libre, un sport qui demande du courage, de la
dextérité et aussi un esprit de solidarité", confie-t-il. Selon lui,
la limite pour tous les nouveaux membres du club, c'est 10 m de hauteur. Car
au-dessus, le saut dans l'eau peut se révéler très dangereux s'il est mal
exécuté. "Sauter de 20 m, c'est vraiment un défi. Car à cette hauteur,
l'impact dans l'eau est très dur, il faut pénétrer très droit. Sans technique,
c'est l'accident assuré !"
Partager l'avis d'Antoine, Ha Quang Khai précise que dans la baie d’Ha Long,
seuls des grimpeurs de haut niveau osent gravir 30 m de parois, pas à cause des
difficultés de la montée elle-même, mais en raison du saut hyper-technique qui
les attend ensuite!
Selon lui, Ha Long offre aussi un autre type d'escalade : les cavernes. Mais
là, attention : réservé à l'élite exclusivement ! Les parois étant humides et
glissantes, il faut avoir une condition physique et surtout une technique
irréprochables. Et ne pas trop compter sur les stalactites qui ne sont guère
présentes... qu'au plafond de la grotte. "Parmi nous, il n'y a guère
que Jean Verly qui ose s'attaquer aux cavernes !", affirme admiratif
Quang Khai. Au moins, "Mister gecko" pourra toujours se recycler dans
la cueillette des nids de salanganes...
* Renseignements sur VIETCLIMB :
Salle d'entraînement : 40, ruelle
76, rue An Duong, Hanoi.
Ouverte de 14h00 à 22h00, du mardi
au dimanche
Site web : vietclimb.vn