Le jeune Malaisien Goh
Chye Leng a découvert la gastronomie vietnamienne
au Canada. Une passion telle qu'il y a une dizaine d'années, il a pris la
décision d'abandonner un travail rémunérateur pour se lancer dans l'aventure de
la "restauration Viêt".
À 35 ans, Goh Chye Leng est le fier propriétaire de
la chaîne de restaurants Viêt, implantée un peu partout en Malaisie. "J'ai
tout simplement réussi à concrétiser mon rêve", lance-t-il avec un
large sourire. Né à Kuala Lumpur, le jeune Malaisien a fait des études et a
vécu au Canada dix ans. C'est là -bas qu'il a fait connaissance avec des amis
vietnamiens, grâce à qui il a découvert la gastronomie vietnamienne. "Ces
temps-là , nous fréquentions un petit restaurant vietnamien. J'ai été d'emblée
séduit par l'ambiance sympathique et les plats", se souvient Leng.
Jusqu'au jour où son restaurant préféré a fermé. "J'ai ressenti de la
tristesse. C'est peut être à ce moment-là que mon rêve d'ouvrir un restaurant
vietnamien est né".
Des espaces vietnamiens en Malaisie
De retour en Malaisie vers la fin des années 1990, Leng a été embauché par la
compagnie KPMG. Maintes et maintes fois, il est parti à la recherche de restos
Viêt. Après des recherches intensives dans tous les coins de Kuala Lumpur, il a
trouvé enfin une gargote proposant, entre autres, les fameux pho bo (soupe de
riz au bœuf) et nem (rouleau de printemps). Mais, sa joie a été de courte
durée. "J'ai vite réalisé que ces plats étaient insipides. C'est alors
que je me suis dit : et si tu ouvrais ton propre resto !".
Au début, les difficultés n'ont pas manqué : l'opposition des parents, bien
décidés à empêcher le fiston de quitter un bon métier pour partir vers
l'inconnu, pas d'expériences de restauration, peu de connaissances en matière
de cuisine, et encore moins de cuisine vietnamienne… Mais à cœur vaillant, rien
d'impossible.
Leng s'est rendu maintes fois au Vietnam pour étudier de près la cuisine
locale. Huê, Hôi An, Hanoi, Hô Chi Minh-Ville… Dans chaque localité, il a
découvert des plats différents. Le jeune Malaisien a même réussi à persuader
des cuistots vietnamiens à venir à Kuala Lumpur pour l'aider les premiers
temps. Son premier établissement, appelé "Du Viêt Restaurant", a vu
le jour en 2002.
À peine la porte de "Du Viêt Restaurant" franchie, on a l'impression
d'entrer dans un espace purement vietnamien. Le décor comprend des vases
d'orchidées, des lanternes made in Hôi An, des services à thé en bambou ramenés
de Hanoi, des tableaux représentant des paysages vietnamiens. Le menu, en
vietnamien, propose des plats de diverses régions : banh hoi, cha gio, nem, pho
bo, banh xeo…
Du bœuf la lôt au thé chanh sa
Leng gère aujourd'hui une chaîne de restaurants aux noms évocateurs : Du Viêt,
La Lôt, O'Viêt. "La Lôt est une herbe odoriférante propre au Vietnam
qui rehausse le goût de la viande de boeuf", explique-t-il. Outre des
plats vietnamiens, ses restaurants proposent aussi des boissons préparées à la
vietnamienne, dont le café Trung Nguyên (une marque célèbre des hauts plateaux
du Centre), le thé vert du Nord. "Je propose aussi du café filtre,
celui qui se prépare avec un filtre individuel en métal, pas celui qui se fait
avec une cafetière. J'ai découvert cette méthode dans les buvettes de trottoirs
saigonaises. C'est savoureux et propre au Vietnam !", confie-t-il.
Leng a même créé un nouveau breuvage : le trà chanh sa (thé au citron et à la
citronnelle).
Chaque année, il se réserve un peu de temps pour parcourir le Vietnam, avec
l'art gastronomique comme fil d'Ariane. "Il me reste encore bien des
choses à apprendre. Mais plus j'en sais sur la gastronomie vietnamienne, plus
je suis passionné. Je souhaite voir un jour cet art prendre une vraie place
dans le coeur de mes compatriotes", a-t-il conclu.